Financement des écoles primaires : Le public n'a pas à payer pour les écoles privées !01/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2148.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Financement des écoles primaires : Le public n'a pas à payer pour les écoles privées !

L'Assemblée nationale a définitivement adopté lundi 28 septembre un texte de loi obligeant les maires à financer des écoles privées d'autres communes, lorsque des enfants de leur ville y sont inscrits. La somme à verser chaque année peut varier, selon les villes, entre 400 et 1 500 euros par enfant. Voici donc un cadeau fait par le gouvernement à l'enseignement privé, très majoritairement catholique, avec l'argent des communes rurales ou populaires, les plus touchées par cette loi et qui sont aussi celles ayant le moins de ressources. À l'échelle du pays, cela se monterait à plus de 300 millions d'euros.

Le texte reprend une loi votée en août 2004, à laquelle de nombreux maires avaient refusé de se soumettre, quitte à être poursuivis en justice et condamnés à verser de lourdes amendes. Le gouvernement a donc décidé d'en faire une nouvelle mouture, pour tenter de la rendre plus acceptable. Quatre cas ont été retenus pour rendre le paiement obligatoire : Lorsque les parents peuvent prouver que leur commune de résidence a des capacités d'accueil insuffisantes, pour des raions médicales, en cas « d'obligations professionnelles » des parents, ou encore parce qu'un autre de leurs enfants y est déjà inscrit. Cela ne modifie guère les termes de la loi de 2004, puisque ces obstacles sont aisément contournables.

L'obligation de financer les écoles privées est d'autant plus inacceptable que bien des communes se sont vu refuser par l'Éducation nationale des crédits leur permettant d'ouvrir de nouvelles classes. Ainsi, en 2007, la municipalité de Joinville-le-Pont, dans le Val-de-Marne, devait verser 52 650 euros aux écoles privées de ses riches voisines que sont Saint-Mandé ou Vincennes, pour 88 enfants qui les fréquentaient, alors qu'elle aurait eu les capacités de créer sept classes supplémentaires. En outre, alors que les municipalités ne sont pas toujours contraintes de payer pour les enfants inscrits à l'école publique dans d'autres villes, elles sont obligées de le faire dès lors qu'ils fréquentent une école privée !

Cette loi est une attaque de plus contre l'Éducation nationale. Le gouvernement fait des économies dans l'enseignement public, il restreint les crédits des établissements, supprime à tout va des postes d'enseignants et de personnel de service, créant lui-même les conditions qui conduisent à une dégradation des conditions d'enseignement, à cause de classes surchargées et d'un encadrement des élèves insuffisant. Mais cela ne l'empêche pas de participer en première ligne aux campagnes de dénigrement menées contre l'Éducation nationale, pointant du doigt le prétendu « faible » niveau des élèves. Dans ces conditions, il n'est pas rare que des parents se tournent vers les écoles privées, mieux dotées, lorsqu'ils en ont la possibilité. Mais pourquoi les collectivités locales devraient-elles les financer, alors qu'elles n'ont déjà pas les moyens de faire face à leurs obligations de service public ?

L'argent public doit servir à financer l'enseignement public, pas les écoles privées.

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