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- Lutte ouvrière n°2132
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Dans le monde
Chine : Le mouvement de contestation de 1989
La majorité des participants du mouvement de contestation du régime chinois qui éclata le 15 avril 1989 étaient des étudiants et des intellectuels, auxquels s'étaient joints aussi des ouvriers, souvent syndicalistes, voulant des syndicats indépendants et dénonçant les différences de niveau de vie entre les dignitaires du régime et le reste de la population.
Depuis 1979-1980, les dirigeants chinois s'étaient lancés dans une libéralisation du système économique. Ils parlaient des « quatre modernisations » (industrie et commerce, éducation, armée, agriculture) et surtout d'ouvrir le pays à des investisseurs étrangers. Au sein du Parti Communiste Chinois (PCC) s'affrontaient les partisans des réformes économiques avec Deng Xiaoping et ceux qui, derrière le Premier ministre Li Peng, souhaitaient la fin des réformes et le retour du contrôle de l'État.
En 1989, étudiants et professeurs réclamaient la « cinquième modernisation » : la démocratie et le multipartisme. Ils étaient influencés par le vent réformiste qui soufflait sur l'URSS, avec la perestroïka de Gorbatchev. Les étudiants exigeaient de meilleurs débouchés en fin d'études, les professeurs des augmentations de salaire.
C'est la mort d'un ancien secrétaire général du PCC, réformateur limogé en 1987 et décédé le 15 avril 1989, qui entraîna des manifestations en sa faveur, conduisant le régime à organiser des obsèques nationales. Cela ne calma pas les manifestants et, le 18 avril, quelques milliers d'étudiants organisèrent un sit-in devant l'Assemblée nationale. Le soir, ils tentèrent de forcer les portes du palais du gouvernement mais furent repoussés par la police. Les campus se couvrirent d'affiches dénonçant Deng et exigeant la poursuite des réformes. Le 21 avril, cent mille étudiants se dirigèrent vers la place Tiananmen où ils s'installèrent avant que la police ne ferme la place. Ils devaient y camper et y faire la grève de la faim jusqu'en juin.
L'occupation de la place attira de nombreuses personnes de Pékin mais aussi des provinces. Bien que la grande majorité de la population soit restée extérieure au mouvement, celui-ci pouvait rapidement l'encourager à lutter à son tour pour ses droits. Les dirigeants chinois étaient conscients du risque qu'ils couraient à laisser le mouvement s'installer et, le 4 juin 1989, l'armée chinoise reprit donc le contrôle de la place, mettant fin à ce « printemps de Pékin ».
Officiellement, la répression aurait fait 579 morts, mais 2 500 selon la Croix-Rouge. Dans les mois qui suivirent, les autorités poursuivirent et recherchèrent ceux qui avaient pu participer au mouvement. Certains furent emprisonnés, d'autres s'exilèrent. Ceux qui au sein de l'appareil du parti dirigeant, comme le secrétaire général du PCC Zhao Ziyang, avaient regardé d'un bon oeil ce mouvement, moins parce qu'ils en attendaient une plus grande liberté dans la vie politique que par calcul personnel, furent limogés et placés en résidence surveillée.