Continental-Clairoix : Après trois mois de lutte, les travailleurs arrachent leurs revendications10/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2132.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental-Clairoix : Après trois mois de lutte, les travailleurs arrachent leurs revendications

Samedi 6 juin à 10 heures, 700 bras se sont levés pour approuver le protocole d'accord conclu le matin même à 4 h 30 à Paris-Charles-de-Gaulle entre l'intersyndicale et la direction internationale de Continental AG. Il y avait une forte émotion dans l'assemblée générale, chacun ayant le sentiment d'avoir gagné le bras de fer engagé le 11 mars avec la multinationale.

Au terme de cet accord, les revendications acquises auparavant sont confirmées et un système de préretraite maison à 51 ans et demi est gagné en plus. Au final les 1 120 travailleurs de l'usine de Clairoix vont bénéficier des mesures suivantes :

- Une garantie d'emploi jusqu'en début 2012, alors que 650 licenciements étaient prévus en octobre 2009. L'État participe à ce montage en payant quatre mois de chômage partiel pour lesquels Continental complétera les salaires à hauteur de 75 % du brut (soit 95 % du net). En février 2010 débutera un congé de reclassement de 23 mois, dont les salariés ont l'assurance qu'ils ne pourront pas être exclus pour quelque motif que ce soit.

- Chaque salarié touchera une prime uniforme de 50 000 euros nette de CSG-CRDS, à laquelle s'ajoutera le doublement de la prime conventionnelle, soit 0,6 mois par année d'ancienneté. Cela portera le total, pour un ouvrier confectionneur, de 50 000 euros s'il vient d'être embauché à 100 000 pour les plus anciens. Les plus qualifiés toucheront plus.

- Pour tous ceux qui auront 52 ans et plus au 31 décembre 2009, Continental garantit de se substituer au chômage si le salarié, qui rentrera à partir de mars 2012 dans la période d'indemnisation des Assedic, s'en trouvait exclu. De plus, à tous ceux qui ne pourraient pas entrer en retraite à l'issue de leur chômage indemnisé à taux plein, Continental versera une prime compensatoire. Ainsi, jusqu'à la retraite, la rémunération qu'ils avaient perçue pendant leur période de congé de reclassement leur sera assurée.

- À cela s'ajoutent un certain nombre d'autres mesures classiques dans les plans sociaux.

Jusqu'au bout, et encore maintenant, la mobilisation n'a pas faibli. Juste après cette assemblée, plus de 800 travailleurs de l'usine Goodyear d'Amiens, menacés d'un plan de 820 licenciements, débarquaient à l'usine de Clairoix, pour rendre la politesse aux travailleurs de Continental qui étaient venus les rejoindre à Amiens le mardi précédent. Et, après une visite de l'usine, c'est un cortège de 1 500 travailleurs qui a pris la direction de Compiègne pour une manifestation dynamique éclairée par un immense feu de pneus sur le pont principal de la ville. À cette occasion les travailleurs de Continental ont apporté leur soutien à la lutte courageuse des ouvriers de Lear en grève depuis 9 semaines, comme aux salariés des entreprises sous-traitantes, Smile et UTI, menacés eux aussi de licenciement par suite de la fermeture de leur usine. Et la nécessité d'une lutte d'ensemble des travailleurs a été rappelée à l'issue de cette manifestation commune.

Lundi 8 juin encore, plus de 900 personnes participaient à l'assemblée générale devant l'usine. Celle-ci adoptait à l'unanimité la motion suivante, proposée par le comité de lutte :

« Les 1 120 salariés de l'usine Continental-Clairoix considèrent les garanties arrachées comme un succès considérable, tout particulièrement dans le cadre de l'offensive générale menée par le patronat actuellement. C'est le résultat d'une lutte acharnée de trois mois où la démocratie ouvrière qui a régné, à travers les assemblées générales quotidiennes, et appuyée sur le comité de lutte rassemblant syndiqués et non-syndiqués, a permis d'installer durablement l'unité totale du personnel dans la lutte commune et le rassemblement de toutes les organisations syndicales, au-delà de leurs différences, sur les revendications choisies par les travailleurs de l'usine ». Pour conclure : « Ce qui reste à obtenir : d'abord l'arrêt des poursuites contre sept de nos camarades pris en otage par l'État. » Leur convocation au tribunal de Compiègne est en effet toujours prévue pour le 17 juillet.

Les travailleurs ont donc décidé de ne pas relâcher la mobilisation, d'autant que l'accord final doit être définitivement entériné à l'issue du Comité central d'entreprise qui doit se tenir le 17 juin.

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