Portugal : Défaite du PS au gouvernement sur fond de chômage et de pauvreté10/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2132.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Défaite du PS au gouvernement sur fond de chômage et de pauvreté

Au Portugal où l'abstention frôle les 63 %, c'est comme dans d'autres pays d'Europe la droite qui est arrivée en tête le 7 juin. Avec 31,7 % des voix, le Parti Social-Démocrate (PSD) devance le Parti Socialiste au gouvernement : 26,6 %, contre 44,5 % en 2004 ! Le Bloc de Gauche (BE), issu d'organisations d'extrême gauche, avec 10,73 % des voix, devance pour la première fois la coalition menée par le PC et ses 10,66 %.

La dégringolade du PS du Premier ministre José Socrates exprime le rejet de ce gouvernement, qui fait payer aux classes populaires une crise économique intérieure qui dure depuis huit ans au moins, avec ses fermetures d'usines et ses licenciements, le recul de la production et du pouvoir d'achat. Aux élections législatives de février 2005, cette crise avait déjà provoqué la défaite électorale du PSD et la victoire du PS. L'actuelle crise internationale n'a fait qu'approfondir cette crise ancienne, aux dépens du PS.

José Socrates était arrivé au pouvoir en promettant de faire en quatre ans sortir 300 000 retraités de la pauvreté. Quatre ans ont passé, et la pauvreté n'a fait qu'augmenter, chez les retraités comme dans l'ensemble des classes laborieuses. Le smic portugais est à 460 euros, alors que les prix sont proches des prix des autres pays de l'Europe occidentale. Les chômeurs indemnisés touchent une misère, et beaucoup n'ont droit à rien du tout.

Toute une partie des salariés, y compris de l'État et des grandes entreprises, sont considérés comme des prestataires de services. Ils sont un million, un travailleur sur cinq. Ils pointent à l'usine, au bureau, mais sont juridiquement des travailleurs indépendants dont la collaboration peut prendre fin à tout moment, qui devraient payer eux-mêmes leurs cotisations de chômage, de maladie et leurs congés payés. Beaucoup ne paient pas ces cotisations, vu le faible niveau des rémunérations. Le patron qui les emploie est censé être leur client et n'a aucune responsabilité s'ils sont en situation illégale.

Ces travailleurs, dont le symbole est le « reçu vert » que leur signe l'employeur, sont en fait des précaires. La précarité et les « reçus verts » ont permis aux patrons portugais de contourner la législation du travail, trop rigide selon eux car elle empêcherait de licencier les CDI à leur gré. La précarité frappe au total près de la moitié de la classe ouvrière portugaise, et les trois quarts des moins de 25 ans.

Face à cette misère et à cette précarité généralisées, les mobilisations des travailleurs sont encore limitées. Seuls les enseignants sont entrés en lutte à l'échelle nationale, par des grèves et des manifestations importantes, dont une a rassemblé 120 000 personnes le 19 janvier à Lisbonne, alors qu'il y a 170 000 enseignants dans le pays. C'est de ce côté-là, du côté des luttes, que les travailleurs peuvent espérer une issue, pas des législatives d'octobre 2009 où vont s'affronter des politiciens de droite et de gauche tous d'accord pour faire payer la crise aux classes populaires.

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