Grande-Bretagne : Un désastre annoncé pour le gouvernement Brown10/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2132.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Un désastre annoncé pour le gouvernement Brown

En Grande-Bretagne, les Européennes se déroulaient en même temps que des municipales partielles. Tout le monde s'attendait à un désastre pour Brown et cela n'a pas manqué.

Aux Européennes, le Parti Travailliste perd un tiers de ses voix (et presque autant de sièges), arrivant en troisième position avec 15,7 %. Il est battu par les conservateurs et par le parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), formation issue des conservateurs en 1993 pour promouvoir le retrait de la Grande-Bretagne et qui n'a jamais eu de succès en-dehors des élections européennes.

Le recul des travaillistes est encore plus marqué aux municipales partielles, dans lesquelles il perd pas moins de 60 % des sièges de conseillers municipaux qu'il défendait cette année.

Sans doute ce recul est-il conforme à une tendance générale, qui remonte au lendemain de l'invasion de l'Irak.

Mais outre cette tendance générale, les scrutins du 4 juin se sont déroulés dans des circonstances particulières. D'une part, parce que les ponts d'or de Brown au capital financier et l'offensive patronale contre les salaires et les emplois suscitent un profond mécontentement populaire. Et d'autre part, du fait des scandales politiciens soulevés par une campagne du Daily Telegraph.

Ce quotidien publie depuis le début mai des détails croustillants sur les dépenses que se sont fait rembourser les députés sur les 26 000 euros qui leur sont alloués pour couvrir leurs frais de résidence à Londres pendant les sessions parlementaires. Cela a donné un extravagant catalogue de dépenses, petites et grosses, sans rapport avec leurs fonctions, faites par des dizaines de députés et ministres, allant de locations de vidéos pornos à la piscine de luxe d'un député conservateur.

Pour l'opinion populaire, qui vit dans la peur des fins de mois et du chômage, cet étalage de parasitisme politicien a suscité l'écoeurement envers les politiciens en général (tous les partis ont été touchés), mais surtout envers le gouvernement Brown qui est tenu pour responsable.

Cet écoeurement des classes populaires explique les 66 % d'abstention du 4 juin, un niveau record, même pour la Grande-Bretagne. Plus significative encore est la répartition de cette abstention, qui a beaucoup plus augmenté dans les régions les plus pauvres du pays. C'est cette abstention qui explique la déroute des travaillistes et les succès des conservateurs, comme au Pays de Galles où les conservateurs prennent la première place que détenaient les travaillistes depuis 1918. C'est aussi cet écoeurement qui explique la relative montée du BNP, parti ouvertement raciste qui cherchait à s'appuyer sur les préjugés xénophobes en se présentant sur une plate-forme de « défense des travailleurs britanniques ». Il réussit à obtenir 6,2 % des voix aux Européennes et ses deux premiers élus dans une telle élection, dans deux régions ouvrières déshéritées du nord du pays.

Même si les conservateurs ne sont pas très pressés de venir aux affaires, pour ne pas souffrir du discrédit de l'austérité en cours et à venir, il est probable que les prochaines élections parlementaires, prévues au plus tard en 2010, leur donneront une forte majorité.

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