Chine - Anniversaire du massacre de la place Tiananmen : Une dictature qui protège les profits des capitalistes occidentaux10/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2132.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine - Anniversaire du massacre de la place Tiananmen : Une dictature qui protège les profits des capitalistes occidentaux

Le vingtième anniversaire de ce qu'on appelle ici les massacres de la place Tiananmen et, en Chine, les « troubles politiques du printemps-été 1989 » a été l'occasion, pour les médias et quelques autres, de dénoncer la dictature chinoise qui, le 4 juin 1989, fit réprimer par l'armée le mouvement de contestation apparu le 15 avril 1989.

À l'occasion de cet anniversaire, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a invité les autorités chinoises à publier les noms des personnes tuées, disparues ou arrêtées lors de la répression de 1989. Plusieurs organisations non gouvernementales, comme Amnesty International, ont relevé le sort que les autorités chinoises avaient pu faire, à l'approche de cet anniversaire, à d'anciens participants de ce mouvement, enlevés, arrêtés ou interdits d'entrer en Chine à titre préventif. Des gouvernements et des commentateurs ont profité de l'occasion pour faire la leçon aux autorités chinoises sur leur non-respect des droits de l'Homme.

En 1989, il y avait dix ans que les autorités chinoises avaient entamé une politique d'ouverture économique pour attirer sur leur sol les grandes entreprises du monde capitaliste, sans pour autant assouplir en quoi que ce soit le régime sur le plan politique.

Cependant l'évolution des pays de l'Est dans la période de Gorbatchev semblait ouvrir une brèche, dans laquelle s'engouffra le mouvement de contestation. Après quelques hésitations, voire des signes d'encouragement de la part de certains dirigeants, les autorités choisirent finalement d'interrompre brusquement un mouvement qui réclamait la démocratie et le multipartisme.

En même temps qu'ils réprimaient les étudiants, les dirigeants chinois se débarrassaient de ceux qui, au sein du parti dirigeant, cherchaient à freiner l'ouverture au capital étranger. Celle-ci allait donc se poursuivre, tandis que les autorités chinoises maintenaient un régime dictatorial n'ayant de communiste que l'étiquette d'un parti qui règne sans partage et dont les dirigeants se soucient comme d'une guigne des ouvriers des anciens sites industriels nationalisés ou des paysans des localités rurales, laissés pour compte des fameuses « réformes économiques ».

S'il reste une poignée de dissidents de 1989 qui ont pu conserver quelques convictions, comme Cai Chongguo, ancien syndicaliste réfugié en France, celui-ci soulignait dans Le Nouvel Observateur que « les étudiants qui ont participé au mouvement sont devenus journaliste, avocat, écrivain, patron de grande entreprise et haut fonctionnaire. La Chine est dirigée et contrôlée par la génération de Tiananmen ». Ce sont ces couches de la bourgeoisie chinoise, grande, moyenne ou petite, vivant dans les grandes villes, qui ont été les principales bénéficiaires des « réformes économiques ».

Pour les grandes puissances occidentales, la Chine est un bon client. Quelques jours après l'anniversaire de Tiananmen, on apprenait que la Chine est devenue le deuxième acheteur d'armes de la planète, après les États-Unis. Les dépenses chinoises ont augmenté de 10 % en 2008, ce qui ne devrait pas laisser indifférents les Dassault et autres Lagardère-Matra.

Et puisqu'une fraction privilégiée de la population a vu son niveau de vie augmenter, la marque de luxe Gucci, appartenant au groupe PPR, dont les principaux actionnaires sont les Pinault père et fils, vient d'annoncer qu'elle entendait ouvrir entre deux et quatre nouvelles boutiques d'ici la fin de l'année en Chine, où le groupe a déjà 28 boutiques. La vente des produits de luxe Gucci a en effet augmenté en Chine de 41,5 % en 2008, soit 8 % du chiffre d'affaires du groupe Gucci, qui représente par ailleurs 15 % du chiffre d'affaires de PPR.

Les protestations actuelles - et à vrai dire timides - des dirigeants occidentaux contre l'absence de démocratie en Chine valent leur pesant d'hypocrisie. Depuis plus de vingt ans, la dictature qui règne en Chine rend un service considérable à l'ensemble des capitalistes occidentaux. Ceux-ci réalisent de substantiels profits en sous-traitant dans ce pays une grande partie de leurs productions industrielles. Ils profitent tout simplement du bas prix de la main-d'oeuvre... que le régime de dictature impose par la contrainte.

Alors, pendant que leur personnel politique fait mine de protester, les capitalistes occidentaux et leurs représentants peuvent dire tout bas merci au régime de Pékin de les protéger d'une explosion sociale venant du plus profond de ces centaines de millions de travailleurs exploités.

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