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Editorial
Élections européennes : Une majorité a voté avec ses pieds
Ces dernières élections européennes ont battu tous les records d'abstention. Près de 60 % des électeurs, une très forte majorité, n'ont pas jugé utile de se déplacer pour aller voter. L'abstention est particulièrement élevée dans les villes ou les quartiers populaires où le nombre de votants s'est réduit parfois à un électeur sur trois, voire un sur quatre ! C'est peu dire qu'à juste raison, l'électorat populaire n'attend rien du Parlement européen. Mais il n'a pas eu envie non plus de se déplacer pour cautionner avec ses votes les grands partis qui assument à tour de rôle la direction du gouvernement.
L'UMP arrive en tête, mais elle n'a pas de quoi pavoiser. Étant donné le nombre d'abstentions, ses 28 % représentent à peine 12 % de l'électorat.
Lorsque le parti gouvernemental affirme mener sa politique, favorable aux riches et désastreuse pour les classes populaires, au nom de la majorité de la population, c'est une escroquerie. Ce qui n'empêche pas les ministres qui se sont succédé sur les écrans de télévision d'affirmer que les « réformes » continuent. Continueront donc les mesures qui, toutes, aggravent les conditions d'existence du monde du travail.
L'électorat populaire n'a pas voulu pour autant utiliser le vote PS pour marquer son opposition à Sarkozy, tant reste vive dans les classes populaires la déception des cinq ans de la Gauche plurielle au pouvoir, qui a gouverné au service des seuls possédants. Mais, même dans l'opposition, le Parti Socialiste n'a rien à dire aux exploités. L'électorat socialiste lui-même s'est détourné de son parti pour se porter sur le vote écologiste.
Nos scores sont modestes mais témoignent de la permanence d'un courant qui se retrouve dans les idées défendues par Lutte Ouvrière. Et, si le poids de cet électorat est faible dans les urnes, il représente des dizaines de milliers de salariés qui pourront peser dans les futures luttes sociales.
Les élections européennes constituent un épiphénomène dans une période où les classes populaires subissent des attaques, redoublées par la crise, de la part du grand patronat et du gouvernement.
Ces attaques ne se sont pas arrêtées et n'ont même pas diminué d'intensité pendant la campagne électorale. Pendant que fusaient les slogans du genre « une Europe meilleure », « une Europe plus sociale », les plus grosses entreprises continuaient à annoncer des plans de licenciements.
Et cela ira en s'accélérant. La classe capitaliste se battra bec et ongles pour que la crise de son économie n'affecte pas trop ses profits et pas du tout les revenus et la fortune de la grande bourgeoisie. Pire, comme elle s'attend à une crise longue, elle licencie par anticipation et en profite pour aggraver le rapport de forces entre patrons et salariés.
Les élections européennes passées, on verra les dirigeants des grands partis brandir les prochaines échéances électorales, les régionales dans moins d'un an et, surtout, la présidentielle en 2012. Leur métier, c'est de promettre, les uns l'amélioration dans la continuité, les autres dans le changement, en disant n'importe quoi. Quoi qu'ils promettent, ce ne peut être que mensonge car le véritable pouvoir est entre les mains du grand patronat qui, en cette période de crise, ne fera aucun cadeau aux classes populaires.
Les travailleurs ne peuvent pas attendre les prochaines échéances électorales pour se défendre. Ils ne peuvent pas accepter d'être lanternés alors que les licenciements se multiplient et que le monde du travail est poussé vers la pauvreté.
La crise elle-même, l'avidité de la classe capitaliste pousseront les travailleurs à se défendre par le seul moyen efficace : la lutte collective.
Alors, ce qui compte pour l'avenir, ce n'est pas le rapport de forces électoral entre l'UMP et le PS, ou entre les écologistes et le Modem de Bayrou, qui excite tant les commentateurs.
Ce qui comptera, c'est la capacité et la volonté de la classe ouvrière à se mobiliser, à déployer ses forces qui sont immenses car c'est elle qui fait marcher l'économie. Ce qui comptera, c'est sa capacité à imposer des exigences qui changent durablement le rapport de forces avec le patronat. À commencer par la mise en cause du pouvoir sans contrôle des groupes capitalistes sur l'économie.