Procès AZF : L'étau se resserre sur Total10/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2132.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Procès AZF : L'étau se resserre sur Total

Cela fait maintenant près de trois mois que le procès de l'explosion de l'usine AZF a commencé. On est entré dans le coeur du sujet, en évoquant l'exploitation du hangar 221, celui qui a explosé, et le traitement des produits déclassés qui était entièrement laissé à la charge d'entreprises sous-traitantes.

D'abord sont intervenus les responsables AZF de ce secteur. Ils avaient tous le même discours formaté : les sous-traitants étaient informés des dangers, ils étaient régulièrement formés, et le hangar 221 était en bon état. Ensuite les sous-traitants ont été entendus. Et le ton a changé, même si plusieurs ont manifestement subi des pressions et ont déposé sous influence.

Le quotidien de ces travailleurs est apparu ; de 30 à 40 tonnes de sacs transportés à l'épaule chaque jour, les contrats renégociés à la baisse tous les trois ans, les intérimaires jetés à la rue sur une simple remarque du responsable AZF, etc.

Un témoignage a particulièrement marqué. C'est celui d'un manutentionnaire sous-traitant qui travaillait depuis 25 ans sur le site et se trouvait le jour de l'explosion à quelques dizaines de mètres du hangar qui s'est volatilisé. Il a raconté son travail quotidien, livré à lui-même, sans formation, décrit ce hangar 221 où on pataugeait dans les ammonitrates décomposés quand il y avait du vent d'autan, puis comment il a été licencié par son entreprise sous-traitante après l'explosion, et abandonné aussi par AZF, parce qu'il n'avait pas voulu adhérer à Mémoire et Solidarité, l'association qui soutient inconditionnellement la société Grande Paroisse, qui gérait l'usine, et le groupe Total. Il se trouve aujourd'hui au chômage, avec 750 euros mensuels de pension.

Ce qui apparaît de plus en plus n'est pas seulement la réalité de l'exploitation quotidienne, c'est aussi comment progressivement la conscience du danger s'est estompée, et comment on a pu traiter conjointement des produits pourtant réputés incompatibles. La gestion de ces produits déclassés était déléguée à des sous-traitants que l'on ne formait pas, à qui on demandait du rendement, et qui travaillaient dans des ateliers ne figurant plus dans les plans de sécurité.

Les catastrophes de cette ampleur sont rares, mais elles s'expliquent entièrement par la loi du profit maximum.

Total est responsable et coupable !

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