Steelcase Marlenheim (Bas-Rhin) : Les ouvriers en grève et une direction qui mouille la chemise10/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2132.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Steelcase Marlenheim (Bas-Rhin) : Les ouvriers en grève et une direction qui mouille la chemise

Depuis le mercredi 4 juin les travailleurs de Steelcase de l'usine de Marlenheim, qui fabrique des bureaux et des armoires de bureau, sont en grève.

Le 18 mars, un plan de licenciements de 106 personnes avait été annoncé, concernant la majorité des ouvriers des usines de Marlenheim, Wisches et Rosheim (usine qui par ailleurs devait être mise en vente). Quelques jours plus tard la direction ajoutait du chômage partiel à raison de deux jours par semaine, payé à 60 %.

Depuis cette date, les réunions de CE, de CCE et autres se sont succédé sans qu'aucune réponse soit donnée à la revendication du paiement du chômage partiel.

La direction propose une journée de formation par mois - payée par le Conseil régional - dont les ouvriers ne veulent pas sachant que c'est bidon. Leur première revendication est le paiement du chômage partiel à 75 % du brut soit 91 % du net, comme d'autres entreprises de la région.

Mercredi 4 juin une nouvelle réunion était prévue, et la question du paiement des jours chômés était posée en préalable à toute autre discussion. Mais cela a tourné court lorsqu'un délégué a été informé qu'une vingtaine d'ouvriers avaient débrayé à l'usine de Marlenheim. La direction, offusquée, a suspendu la réunion en déclarant qu'elle ne négocierait pas sous la pression d'une grève. Les délégués, eux, ont quitté le siège et ont rejoint immédiatement l'usine de Marlenheim.

Une assemblée générale regroupant la quasi-totalité des ouvriers de l'équipe du matin (70 sur 80) a voté la grève à l'unanimité, après avoir fait quitter le lieu de l'assemblée aux chefs et aux représentants de la direction. L'équipe d'après-midi a elle aussi voté la grève et, sur les 230 salariés que compte l'usine, 140 ont arrêté le travail pour le reste de la journée. Jeudi 5 juin au matin, à 5 h 30 seulement cinq ouvriers sont rentrés dans l'usine dont les portes avaient été bloquées avec des palettes. Dans les usines de Wisches et de Rosheim un débrayage d'une ou deux heures a aussi eu lieu.

Jeudi après-midi la direction, ayant ravalé sa morgue, faisait savoir qu'une nouvelle réunion aurait lieu le lundi, sans condition de reprise du travail. Et ce sont le PDG de Steelcase Europe et la DRH internationale qui ont débarqué, avec la proposition de prendre en charge la moitié des pertes de salaire subies depuis mars par une prime de 300 euros, s'engageant à ramener le nombre de jours chômés à trois par mois pour la période à venir, à condition que le travail reprenne.

Les grévistes, consultés par les représentants syndicaux, ont estimé que, même s'il y avait une avancée, elle ne suffisait pas et seulement une dizaine ont repris le travail. La direction affolée a alors demandé aux délégués de pouvoir venir présenter elle-même ses propositions aux salariés.

Cela a donné lieu à de belles empoignades verbales entre les ouvriers et la direction, qui n'a pas convaincu. Parmi les propos échangés, certains ont lancé à la direction qu'aujourd'hui ils voulaient le paiement du chômage, mais qu'il y aurait une suite contre les licenciements.

Mardi 9 juin à 5 h 30, les ouvriers ont revoté la grève. À 6 heures les membres de la direction débarquaient sur le parking de l'usine. Ils ont demandé à nouveau au délégué de convaincre les salariés de reprendre le travail, ce qu'il a refusé de faire bien sûr, en répétant que, si la revendication de 91 % du salaire net était accordée, alors on verrait.

Les larmes aux yeux, le directeur a alors expliqué qu'ils ne pouvaient pas faire cela, car il faudrait l'accorder aussi aux salariés de Wisches et Rosheim. Cela n'a pas ébranlé la détermination des grévistes. La direction est alors repartie en disant qu'elle leur laissait le temps de réfléchir et qu'elle revenait dans deux heures. À midi, elle n'était toujours pas là, peut-être encore en train de faire des calculs... Et la grève continuait.

Partager