Lait : Un échec des manoeuvres gouvernementales10/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2132.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lait : Un échec des manoeuvres gouvernementales

Michel Barnier, ministre de l'Agriculture disait vouloir un accord avec les producteurs de lait pour début juin. Et comme Barnier était aussi candidat aux élections européennes et coordonnateur de la campagne de l'UMP, son plus grand désir était surtout de faire cesser les manifestations des éleveurs.

Quatre jours avant les élections, il obtenait donc de la FNSEA la signature d'un accord avec les sociétés et les coopératives laitières. Le secrétaire général de la branche laitière de la FNSEA, bien que niant avoir voulu « faire plaisir à Michel Barnier ou à qui que ce soit avant les élections européennes », a cependant reconnu que les prix du lait recommandés par l'accord étaient « difficiles à accepter ». D'ailleurs, les producteurs de lait, dont certains sont membres de la FNSEA, les refusent carrément et le font largement savoir par de nouvelles manifestations. Les manoeuvres de Barnier ont donc échoué, au point que la FNSEA, elle-même, a décidé d'organiser de nouvelles démonstrations.

Alors que le prix du litre de lait le moins cher dans les grandes surfaces tourne autour de 75 centimes, le prix annuel fixé par l'accord entre la FNSEA et le gouvernement est compris entre 26,2 et 28 centimes le litre. Cela entérine une baisse de l'ordre de 20 % par rapport aux prix de l'an passé et n'impose aucune obligation aux industriels sur les prix qu'ils doivent payer pour les livraisons de mai.

Pour l'industrie de transformation du lait, la marge est plus que confortable, tandis que le travail des exploitants n'est pas rémunéré. « Ceci n'est pas un accord, mais bien un prix de vente à perte imposé par les pouvoirs publics », a dénoncé le syndicat des Jeunes agriculteurs, pourtant proche de la FNSEA. La situation est particulièrement difficile pour les jeunes qui viennent de s'installer et qui ont été poussés par les banques à investir en s'endettant sur la base de prix de vente plus élevés.

Durant toutes ces négociations, Michel Barnier a expliqué que, si la situation était difficile pour les producteurs de lait, c'était aussi le cas pour les entreprises dans l'agoalimentaire. Pourtant, dans une publicité parue pour aguicher de nouveaux actionnaires, Danone, dont les produits laitiers frais constituent l'un des quatre « pôles d'activité », se vante d'un résultat opérationnel de 2,2 milliards d'euros en 2008. Ca va donc très bien pour ce groupe. Il serait donc de l'intérêt commun des producteurs et des consommateurs que soit mise sur la place publique la comptabilité de l'industrie des produits laitiers, des grandes surfaces et des banques qui prêtent aux agriculteurs.

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