Nouvelle-Calédonie : 23 syndicalistes condamnés à des peines de prison.23/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2073.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nouvelle-Calédonie : 23 syndicalistes condamnés à des peines de prison.

Le 21 avril, en Nouvelle-Calédonie, le tribunal correctionnel de Nouméa a rendu son jugement contre les militants de l'Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités (USTKE), poursuivis pour « attroupement armé, violences aggravées et destruction de biens publics et privés ». Ils ont tous été condamnés à des peines de prison allant de un mois à un an ferme. Bien qu'absent au moment des faits, le président de l'USTKE Gérard Jodar a pour sa part été condamné à douze mois de prison dont six ferme et à trois ans de privation de droits civiques pour « provocation à attroupement armé ».

L'affaire remonte aux heurts qui ont opposé durant une douzaine d'heures, les 16 et 17 janvier 2008, 200 gendarmes et policiers à des syndicalistes venus manifester aux abords de la société de transport urbain Carsud, une filiale de Veolia. Ces manifestations faisaient suite au renvoi d'un chauffeur, délégué syndical de l'USTKE.

Selon des témoins et comme le montrent des vidéos prises lors de ces manifestations, les forces de l'ordre ont fait preuve d'une violence particulière contre les membres de l'USTKE (usage de balles en caoutchouc, tirs tendus de grenades lacrymogènes, etc.).

Ces faits et les peines infligées aux vingt-trois syndicalistes poursuivis prouvent l'extrême tension qui règne en Nouvelle-Calédonie où le patronat local, soutenu par le haut commissaire de la République représentant l'État français, a engagé un bras de fer avec l'USTKE, le premier syndicat indépendantiste de l'archipel, qui revendique 5 000 adhérents ainsi que 25 % des voix aux élections professionnelles. Les grèves et les manifestations ouvrières organisées par ce syndicat sont systématiquement déclarées illégitimes par les juges, et le haut commissaire fait régulièrement intervenir la police contre les grévistes.

Le conflit semble d'ailleurs dépasser la question du droit de grève et des libertés syndicales. En effet l'USTKE est à l'origine du Parti Travailliste, créé en novembre 2007, formation politique qui a obtenu un certain succès aux dernières élections municipales, notamment dans la province du Nord, à majorité kanak. De quoi inquiéter les autorités françaises ainsi que les partis traditionnels, de droite comme de gauche, alors que se profilent les élections territoriales de mai 2009 et, au-delà, le référendum qui doit se prononcer sur l'avenir de l'archipel en 2014.

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