À quatre-vingt-seize reprises l'an passé, des Boeing de la compagnie américaine Continental Airlines en provenance d'Europe ont atterri à New York en ayant presque épuisé leurs réserves de carburant. C'est ce que révèle Le Figaro du 22 avril.

Ces appareils, de petite capacité, ont été conçus pour effectuer des liaisons internes aux États-Unis. Mais, par souci d'économies, la compagnie aérienne les utilise pour des trajets intercontinentaux, en saison creuse ou pour desservir de petits aéroports. Seulement, leurs réservoirs peuvent contenir à peine plus que le carburant nécessaire pour effectuer la traversée, sans la réserve d'une demi-heure supplémentaire de vol, pourtant obligatoire, destinée à pallier d'éventuels problèmes au moment de l'atterrissage : embouteillages au-dessus d'un aéroport ou mauvaises conditions atmosphériques obligeant à un déroutage.

Les pilotes auraient en cas de besoin la possibilité de faire escale au Canada, s'ils y arrivent, pour se réapprovisionner en carburant, mais la direction de Continental Airlines voit là une perte de temps et d'argent, et elle a mis les pilotes en garde contre cette procédure qui peut « réduire les bénéfices et éventuellement le financement de leur retraite » ! Si ce n'est pas du chantage, cela y ressemble fort.

Pour sa défense, Continental Airlines avance qu'elle n'a encore connu aucun accident dû à un manque de carburant. Tant que ça passe, elle entend donc continuer à mettre sciemment en danger la vie des passagers et du personnel navigant, loi du profit oblige. Jusqu'au jour où ça casse...