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- Lutte ouvrière n°2073
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Dans le monde
Boycott de Carrefour en Chine ? Pékin vaut bien une messe.
Des manifestations appelant au boycott des produits Carrefour se sont déroulées les 19 et 20 avril dans plusieurs grandes villes chinoises devant les magasins de cette enseigne. Dans le même temps des appels à ne pas acheter chez Carrefour étaient lancés sur Internet, les propriétaires de ces magasins, dont le trust LVMH, étant accusés d'avoir financé le Dalaï-Lama et de soutenir le Tibet.
Ces manifestations se sont sans doute déroulées avec le soutien des autorités chinoises qui savent parfaitement mobiliser des milliers de personnes pour faire une démonstration politique et contrôlent et surveillent étroitement tout ce qui se passe sur Internet. Mais elles étaient peut-être aussi, pour certains, la réponse à celles qui avaient eu lieu à Paris lors du passage de la flamme olympique.
Cette campagne va-t-elle se développer, ou en restera-t-elle au niveau du froncement de sourcils diplomatique ? En tout cas Sarkozy, sans attendre, a envoyé en quelques jours pas moins de trois émissaires à Pékin, porteurs de messages d'apaisement. Le président du Sénat, Poncelet, sera suivi par Raffarin, l'ancien Premier ministre, à qui Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique de Sarkozy, emboîtera le pas. Tout ce monde-là se mobilisera pour assurer les dirigeants chinois de la bonne santé de ce qu'ils appellent l'amitié franco-chinoise et surtout s'assurer de la bonne santé des investissements des capitalistes français en Chine, et en particulier de ceux de Carrefour.
Depuis dix ans, Carrefour, n° 2 mondial de la grande distribution, a largement investi en Chine. Il annonce aujourd'hui réaliser un chiffre d'affaires annuel de 2,9 milliards d'euros dans 122 hypermarchés et 280 magasins hard-discount où travaillent 44 000 employés et où se pressent tous les jours deux millions de clients. Et ce n'est pas fini puisqu'il ouvre deux magasins par mois en Chine où il se livre à une bataille commerciale féroce avec Wal Mart le n° 1 mondial sur ce marché très profitable ; comme l'explique le PDG de Carrefour Chine, la région de Pékin représente à elle seule un marché aussi grand que toute l'Espagne.
Alors on comprend la panique de Sarkozy, grand commis voyageur du capitalisme français qui a promis d'aller chercher la croissance, avec ses bras musclés, partout où il le faudra ; surtout la croissance des grands groupes français et Carrefour n'est pas le dernier ! Et dans l'immédiat cela vaut bien que la diplomatie française mette un bémol sur le Tibet et les droits de l'homme que l'impérialisme français n'hésite d'ailleurs pas à fouler aux pieds pour défendre ses intérêts.