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- Lutte ouvrière n°2073
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Dans le monde
Grande-Bretagne : Cadeau royal aux banques.
Vraisemblablement échaudée par la quasi-faillite de Northern Rock, il y a à peine six mois, la Banque centrale britannique vient de voler au secours des grandes banques privées du pays en leur accordant, par un tour de passe-passe coûtant 50 milliards de livres (63 milliards d'euros), l'échange de leurs actifs « pourris ». Ainsi les crédits immobiliers à risques, à l'origine de la crise des « subprimes », seraient échangés contre des obligations d'État, pour l'instant éminemment plus fiables - et donc vendables - puisque garanties par ce dernier.
Cette décision est valable pendant trois ans, la durée de la crise financière étant hautement imprévisible. Elle a pour but de permettre aux grandes banques de continuer à fonctionner, c'est-à-dire de s'échanger entre elles et de vendre à des entreprises, à des fonds d'investissement ou même à des particuliers emprunteurs un nombre croissant de crédits, alors que ce marché a tendance à stagner depuis la secousse survenue l'été dernier aux États-Unis. Autrement dit, pour que les banques continuent à faire des affaires, l'État prend à sa charge les titres dont plus aucune d'entre elles ne veut, et les risques qui vont avec.
Selon le ministre des Finances, Alistair Darling, il ne s'agirait bien sûr que d'un plan destiné à « aider les entreprises, les ménages et le marché immobilier », et nullement les banques, qui attendaient pourtant impatiemment la décision. Le cadeau est... royal en effet, puisqu'elles vont pouvoir en quelque sorte « nationaliser » leurs pertes, tout en continuant à accumuler des profits privés, au titre de l'assainissement du marché, sans doute !
Cela n'empêche pas pour autant certains gros actionnaires de se montrer « furieux » des pressions des autorités. En effet la Banque centrale demande quand même qu'un peu de ménage soit fait dans les comptes des banquiers, que les pertes soient chiffrées, ou pour que soit décidée une « recapitalisation », en fonds et non en crédits, comme s'y est résolue la deuxième banque britannique, la Royal Bank of Scotland. Ils trouvent que c'est encore trop !
Qui va au bout du compte payer le prix de ces aides étatiques aux banques britanniques ? Ce sont évidemment les ménages qui vont devoir payer de plus en plus cher leurs remboursements immobiliers, les salariés qui vont faire les frais des opérations d'économies des entreprises, la population laborieuse qui par ses impôts continue à financer l'État britannique. Et tous vont payer l'inflation que ces milliards refilés aux banques vont inévitablement provoquer.