Afrique : Kouchner et les émeutes de la faim, flambée de mensonges.23/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2073.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afrique : Kouchner et les émeutes de la faim, flambée de mensonges.

Dans une tribune publiée le vendredi 11 avril dans Libération, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dit souhaiter « remettre la mondialisation à l'endroit » pour faire « face aux émeutes de la faim ». On peut y lire que « l'Europe, avec son agriculture performante et sa politique commune, doit pleinement jouer son rôle de fournisseur et de régulateur des marchés alimentaires mondiaux ».

Mais le « rôle » que l'Europe ou les pays riches ont joué jusqu'à présent, c'est plutôt celui d'affameur, pas celui de sauveur des pays pauvres.

Car si les pays pauvres, les pays africains en particulier, ont dû abandonner les cultures vivrières au profit des cultures d'exportation, c'est bien parce que les anciens pays colonisateurs, dont la France, les y ont contraints.

C'est durant la période de la colonisation que ceux-ci commencèrent à imposer aux colonies africaines des productions visant à satisfaire les besoins des métropoles. Les paysans des pays colonisés furent ainsi contraints de produire du café, du cacao, de l'arachide pour les marchés européens. Au Sénégal, plus de la moitié des terres finirent par être consacrées à l'arachide, pour le plus grand profit de Lesieur. La culture du coton fut imposée par la France au Tchad, ce qui fit la fortune de la société textile française Boussac ; et les paysans devaient s'y plier sous peine de sanctions.

Le colonialisme modifia même les habitudes alimentaires. Le riz cultivé en Indochine, autre colonie française, remplaça en grande partie le mil, nourriture de base au Sénégal. Les paysans, au lieu de poursuivre les cultures qui les nourrissaient jusqu'alors, furent ainsi obligés d'acheter du riz avec l'argent gagné difficilement par la vente de l'arachide ; les compagnies commerciales y gagnèrent deux fois, car les mêmes qui achetaient l'arachide aux paysans leur vendaient le riz.

Les pays africains, aujourd'hui, sont toujours autant tributaires du marché international qu'à l'époque de la colonisation, un marché international dominé par quelques multinationales richissimes. Au Sénégal, le riz est maintenant l'aliment de base mais, le pays n'en produisant pas suffisamment, il doit l'importer. La flambée de son prix - il a presque doublé depuis le début de l'année, passant de 381 dollars la tonne à plus de 780 dollars - est une catastrophe pour la population. Mais les capitalistes des pays riches qui sont responsables de cette flambée, eux, empochent le magot.

Depuis trente ans, dans le continent africain, la production alimentaire a diminué de 20 % ; on cultive des fleurs ou des haricots verts, qui alimentent les marchés européens en toute saison et font la fortune des actionnaires de quelques multinationales. Alors, bien loin des mensonges de ministres comme Kouchner et autres représentants des pays riches, ceux-ci ne combattent pas la faim, ils la créent.

Partager