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- Lutte ouvrière n°2073
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Leur société
La limitation de l'accès aux archives : Il y a des réputations à protéger !
Des historiens, ainsi que des associations de défense des droits de l'homme, protestent contre les amendements votés par le Sénat au projet de loi gouvernemental qui assouplissait un peu la législation actuelle sur l'ouverture des archives au public. Sur certains points, les amendements reviennent même en arrière sur ce qui existe actuellement.
Selon les catégories (affaires privées, judiciaires, médicales, patrimoniales ou celles liées à la sûreté de l'État), le libre accès aux archives n'était pas autorisé avant une période allant de soixante à cent-cinquante ans. Le projet de loi réduisait le nombre de catégories et autorisait la consultation des archives au bout de vingt-cinq, cinquante ou cent ans. Il n'y avait donc là rien de bien subversif, d'autant plus que le projet créait en même temps une nouvelle catégorie d'archives « incommunicables », sur les armes de destruction massive ou la protection des agents secrets.
Mais pour la majorité des sénateurs, c'était encore trop. Ils ont restreint certaines mesures et, en outre, ils ont porté de soixante à soixante-quinze ans le délai donnant libre accès à la consultation « pour les documents dont la communication porte atteinte à la vie privée ». Le prétexte est l'allongement de la durée de la vie, et la notion de « vie privée » est très large, puisqu'elle est étendue aux agissements des fonctionnaires d'État. Ainsi, par exemple, le rôle de certains policiers ou gardiens de camps d'internement sous l'Occupation pourrait rester dans l'ombre jusqu'en 2010 ; quant aux responsables de toutes les exactions et tortures commises pendant la guerre d'Algérie et qui n'ont pas encore été dévoilées, ils pourraient continuer à bénéficier d'un anonymat protecteur jusqu'en 2037, date à laquelle la presque totalité d'entre eux ne seront plus en vie.
C'est qu'il y en a, des cadavres dans les placards ! Où irait-on, si on se mettait à ouvrir ces derniers prématurément ?