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- Lutte ouvrière n°2073
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Leur société
Contre les suppressions de postes dans l'Éducation nationale, la mobilisation des lycéens continue !
Le jour de la rentrée scolaire pour la zone A, le 21 avril, le ministre de l'Éducation nationale s'est rendu en Alsace. Il devait rencontrer, en présence d'autorités éducatives, treize membres du Conseil académique de la vie lycéenne dans les locaux d'un lycée de Molsheim, dans le Bas-Rhin. Plus de 250 lycéens l'attendaient devant la grande porte de l'établissement... et Darcos a préféré entrer par une porte de l'arrière.
Il s'est félicité d'avoir rencontré ceux qu'il considère comme de « vrais représentants des vrais lycéens » et non « des porteurs de pancartes qui répètent ce que disent les adultes », « qui protestent avec de vieilles fadaises idéologiques, poussés par des syndicats extrémistes » « qui leur mentent ».
Même triés sur le volet, ses interlocuteurs lui ont mis le nez dans sa politique d'aggravation des conditions d'étude par le biais des 11 500 suppressions de postes à la rentrée de septembre 2008. L'un d'entre eux lui ayant signalé avoir dû apprendre « l'anglais dans une classe où on est 34 », le ministre a piteusement rétorqué : « Oui, c'est beaucoup ». Une autre, ayant pointé du doigt le manque de places en sciences médico-sociales dans la région, s'est entendu répondre : « Très lâchement, je laisse le micro au recteur ». À l'évocation d'autres problèmes lycéens, comme le passage à l'université, le ministre est allé au... fond de la question en déclarant qu'on était « réellement au coeur des vrais sujets ».
Pendant que Darcos alternait provocations, esquives et truismes, les lycéens restés à l'extérieur manifestaient pour lui rappeler qu'ils restaient mobilisés contre les suppressions de postes. Car, en la matière, ce n'est pas un enseignant par-ci par-là qui disparaît : nombreux sont les collèges et lycées où la dotation globale en heures de cours chute brutalement. Rien que dans le Bas-Rhin, par exemple, ce sont près de 1 800 heures qui disparaîtraient. Dans les écoles primaires aussi des postes d'instituteurs sont supprimés, des classes regroupées ou fermées. Le projet d'économies budgétaires prévoit encore 20 000 suppressions de postes et ne s'arrête pas là.
Depuis plusieurs semaines, la mobilisation dans des centaines de collèges, de lycées et d'écoles montre que parents, enseignants et surtout lycéens s'opposent de plus en plus nombreux à la politique liquidatrice du gouvernement. Des dizaines de milliers de lycéens ont déjà montré leur refus, à travers notamment sept manifestations successives en région parisienne. À la fin de leurs vacances, les lycéens de la zone A ont organisé dès leur rentrée, le 22 avril, des manifestations à Tours, à Toulon, à Lille, Marseille, Strasbourg. Le 24 avril, d'autres mobilisations étaient prévues, et la rentrée de la zone B, le 28 avril, devrait sans doute occasionner d'autres rassemblements.
Un porte-parole de l'UNL, une organisation lycéenne, le résumait : « Si le gouvernement souhaite que le mouvement s'arrête (...), seul un geste significatif sur les postes peut calmer la colère qu'expriment les élèves ».
L'UNL évoque la possibilité d'appeler les lycéens à manifester le 1er mai, aux côtés des salariés, tandis que des syndicats enseignants prévoient diverses journées d'action, et il est question d'une manifestation à Paris le 18 mai. C'est en effet les élèves qu'on néglige et méprise, les personnels qu'on réduit, et les parents inquiets à juste titre qui peuvent, tous concernés, contraindre le gouvernement à reculer.