Le prix du lait et des produits laitiers - yaourts, fromage, beurre - risque de monter encore de 5 à 10 %. Réjouissons-nous ! Ce ne sera pas plus « à condition que les distributeurs fassent des efforts », a déclaré le président des industries laitières qui laisse entendre que son secteur, l'agroalimentaire, en fera !

La raison de cette hausse ? L'augmentation de 26 % du prix du lait à la production, due à un accroissement de la demande mondiale. Les responsables sont donc tout trouvés : ce serait les « pays émergents » qui changent leurs habitudes alimentaires ou les paysans qui sont un peu plus gourmands que d'habitude !

Mais à supposer qu'une « pénurie » conjoncturelle soit en partie responsable des hausses, à qui la faute si ce n'est à toute la politique du secteur agroalimentaire qui a ruiné une grande partie des exploitations laitières ? Pendant des années, industriels et distributeurs ont imposé aux éleveurs des prix en baisse : entre 2001 et 2005, par exemple, selon la Confédération paysanne, le prix du lait à la production a chuté de 12 %, ce qui équivalait à la perte de deux mois de revenu sur un an pour les paysans. Les consommateurs, eux, n'ont pas vu les prix baisser. Coincés entre d'un côté la baisse du prix à la production et de l'autre, les augmentations de charges et des prix des aliments pour le bétail, beaucoup d'éleveurs ont fait faillite ou changé d'activité. Entre 2002 et 2006, 30 000 paysans ont cessé l'activité laitière et la production de lait en France n'a même pas réussi à atteindre le quota fixé par l'Union européenne.

En 2007, les prix payés aux éleveurs - et les quotas - ont été un peu libérés sans pour autant leur apporter la fortune. Ainsi, un petit producteur de Normandie qui vendait son lait 26,5 centimes le litre en mars 2006 est passé à 30,7 centimes un an plus tard et espère en tirer 40 centimes aujourd'hui. Mais, entre août et décembre 2007, le prix des tourteaux de soja qui entrent dans l'alimentation du bétail a augmenté de 20 % et la hausse du fuel a atteint des sommets !

En fait, comme d'habitude, ce sont les trusts de l'agroalimentaire et de la distribution qui s'en mettent plein les poches : entre ses produits céréaliers et ses produits laitiers, Danone vient d'annoncer un bénéfice net multiplié par quatre pour 2007 : 4,18 milliards d'euros.