Dans un rapport sur la pollution de l'environnement en Ile-de-France, la Direction régionale de l'industrie, la recherche et l'environnement (Drire) dit vouloir que les grandes entreprises incitent leurs salariés à délaisser leur voiture pour se rendre à leur travail. Trois cents établissements qualifiés de " générateurs de trafic ", parce qu'ils emploient beaucoup de personnel, sont ainsi montrés du doigt. Il s'agit des plus grandes entreprises de la région parisienne : aéroports de Roissy et d'Orly, dépôts RATP, Snecma, Corsair, Disney, etc.

La Drire demande donc à toutes ces entreprises de trouver des idées, évoquant à titre d'exemple le covoiturage ou l'utilisation de vélos pour rejoindre les transports en commun. Parmi les entreprises citées dans le rapport figure la Snecma Villaroche, avec ses 55 lignes de cars gratuits.

Ce réseau de cars a été mis en place quand l'usine fut déplacée de Paris à Villaroche en Seine-et-Marne. Mais quelques années plus tard il fut remis en cause par la direction elle-même qui trouvait que le coût était trop élevé. Ainsi, il y avait 69 lignes en 1992, et s'il en existe encore 55 aujourd'hui c'est grâce aux mobilisations du personnel qui s'est opposé à de multiples reprises aux suppressions de lignes.

La méthode de la direction pour supprimer des cars est de commencer par les vider. Elle refuse de modifier les parcours en fonction de l'évolution de l'habitat du personnel. Aujourd'hui, des villes importantes ne sont pas desservies. C'est le cas pour la Seine-et-Marne de Meaux, Nemours, Montereau... La mise en place des horaires variables, accompagnée de pressions pour l'allongement du temps de travail en soirée, incite de plus en plus de salariés à prendre leur voiture. Pour le personnel ingénieur qui constitue plus du tiers de l'effectif de l'usine, partir aux horaires des cars (16 h 30) est quasiment impensable, beaucoup de réunions de travail ayant lieu à cette heure-là.

Les utilisateurs sont donc obligés de ne plus prendre les transports collectifs, ce qui permet ensuite à la direction de dire : cette ligne ne sert plus, elle est quasiment vide, on la supprime.

Diminuer le nombre des trajets en voiture serait évidemment une bonne chose. Mais cela ne pourra se faire que si les patrons, et les pouvoirs publics bien sûr, se soucient du transport des salariés, ce qui est loin d'être le cas.