SNCF : Réussir la grève, et préparer la suite.10/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2045.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Réussir la grève, et préparer la suite.

Plus on se rapproche du 18 octobre, plus les cheminots font leurs comptes et constatent que l'attaque du gouvernement sur leurs retraites est considérable. Toutes les discussions portent évidemment sur ces questions. Dans beaucoup de secteurs, la direction, qui avait pourtant l'habitude de pousser ses cadres à justifier sa politique auprès des cheminots, se fait aujourd'hui discrète, non qu'elle soit à court d'arguments mensongers mais tout simplement parce qu'elle a des difficultés à trouver des cadres d'accord pour relayer son discours. Certains d'entre eux, réalisant ce qui les attend, ont mis en circulation sur les réseaux Intranet de la SNCF les différentes méthodes de calcul qui soulignent le montant des pertes que la réforme des retraites occasionnera. Du coup toute la campagne de " communication " de la direction ne pèse pas bien lourd face à la réalité.

La grève du 18 octobre sera un succès, c'est maintenant une évidence pour tous. Et la question qui se pose depuis quelque temps déjà est la suivante : puisque la journée du 18, aussi massive qu'elle puisse être, ne suffira pas à faire reculer le gouvernement, faudra-t-il continuer après le 18 et donc envisager dès à présent une grève reconductible ? C'est ce que proposent, pour l'instant du moins, trois syndicats minoritaires (peut-être par surenchère vis-à-vis de la CGT : il s'agit de SUD-Rail, FO et la FGAAC (Autonomes, Agents de conduite) et dont certains seraient prêts à changer leur fusil d'épaule, à la moindre ouverture de la direction. Mais surtout le fait que la fédération CGT suivie de la CFDT, CFTC, de l'UNSA et de la CGC se soient prononcés pour une grève de 24h sans aucune autre proposition concrète, provoque une incompréhension, voire une inquiétude, y compris parmi les militants et les syndiqués CGT.

Le 8 octobre, au moment où toutes les fédérations cheminots se rencontraient, les responsables syndicaux d'Établissement de la CGT se réunissaient de leur côté. Lors de cette réunion, nombre d'entre eux ont exprimé leur sentiment en disant que ce n'était pas à la fédération de décider si la grève devait être de 24 heures ou reconductible, mais aux assemblées de cheminots en grève qui doivent avoir lieu le 18 et le 19 octobre. En cela ils se sont opposés aux responsables régionaux CGT, qui eux tentaient de démontrer pourquoi il ne fallait pas d'assemblées générales et donc pas de vote des grévistes. Des militants, opposés à la politique de la fédération CGT, rappelaient que lors des grèves de 1995, le syndicat s'était au contraire appuyé sur les conducteurs pour entraîner les autres catégories de cheminots, puis sur la SNCF pour entraîner la RATP et d'autres secteurs de la fonction publique, voire parfois des entreprises privées de transport. Dans une grève, rappelaient-ils, ce sont les plus combatifs qui entraînent les autres.

Dans le contexte actuel où se multiplient les attaques gouvernementales et patronales, contre les régimes spéciaux, contre le régime général des retraites, avec le passage annoncé aux 41 voire aux 42 années de cotisations, s'ajoutant à bien d'autres mesures toutes aussi défavorables les unes que les autres, beaucoup de cheminots pensent que si l'élan du 18 est vraiment puissant, il ne faudra surtout pas le briser en refusant par avance d'envisager la reconductibilité de la grève.

Ce malaise éprouvé par des militants de la CGT est aussi partagé par de nombreux cheminots. Mais il n'entame pas, au contraire même, la volonté de réussir le 18. Quant à la suite qu'il faudra donner à cette journée ce sera en dernier ressort aux cheminots, et ce quelle que soit la politique des directions syndicales, d'en décider lors des assemblées générales.

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