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Leur société
Communauté urbaine de Bordeaux : Comment les entreprises privées pillent les services publics.
La Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB) regroupe 27 communes de l'agglomération bordelaise. Cette CUB gère à l'échelle de l'agglomération la taxe professionnelle, contrôle les services comme la distribution de l'eau, son assainissement, la collecte et le traitement des déchets ménagers, les transports en commun ainsi qu'un grand nombre de parkings. Si la CUB a la responsabilité de ces services publics, elle les a sous-traités depuis des années à des entreprises comme la Lyonnaise des Eaux, Veolia Transports (ex-Connex), Astria, entreprises dont les profits sont faramineux et les pratiques plus que douteuses.
Depuis 2004, et suite aux ennuis judiciaires de Juppé, c'est la gauche qui a pris la direction de la CUB. Et sous la pression d'associations de consommateurs et d'usagers, la gauche a voulu montrer sa différence en créant une Inspection Générale des Services qui a essayé de mettre son nez dans la comptabilité des sociétés exploitantes. Le résultat est éloquent.
Le premier contrôle a eu lieu en 2006 et concerne la distribution de l'eau. Le contrat avec la Lyonnaise a été signé il y a quinze ans pour pas moins de trente ans ! Les associations dénonçaient le fait que la Lyonnaise des eaux a perçu indûment une taxe qui, entre 1997 et 2003, lui a rapporté plus de 29 millions d'euros.
L'audit de la CUB a non seulement confirmé ce détournement de fonds, mais il a démontré aussi que les comptes donnés chaque année aux conseillers municipaux (et qui tiennent sur une seule page !) étaient " arrangés " de manière à minimiser les bénéfices. Ainsi, la Lyonnaise a régulièrement menti sur le taux d'impôt sur les sociétés qu'elle acquittait en indiquant le taux théorique de 33 % alors que dans la réalité il a été en moyenne de 13 %, ce qui lui permettait d'afficher " seulement " de six à dix millions d'euros de profits soi-disant net d'impôts.
Face à ce scandale, la CUB a d'abord menacé la Lyonnaise de casser le contrat. Mais après, la Lyonnaise a répondu qu'elle exigerait 400 millions d'euros de dédommagement si le contrat était cassé, et la CUB s'est (bien vite) contentée d'une renégociation du contrat, obtenant une remise aux usagers de 10 % sur les 50 premiers mètres cubes, soit royalement quelques euros par an sur la facture. C'est tellement peu que la facture augmentera quand même en raison de l'augmentation d'une autre redevance. La Lyonnaise a aussi promis d'investir 150 millions d'euros sur les quinze ans à venir, investissements qu'elle fera, n'en doutons pas, payer aux usagers.
Après l'eau, les services de la CUB sont allés voir de plus près la gestion de l'assainissement par la Lyonnaise. Là aussi, en fouillant les comptes, ils ont mis à jour une vaste machinerie pour faire du profit. La Lyonnaise aurait engrangé 38 millions de " surcroît de rémunération " et accumulé 31 millions de réserves depuis le début du contrat. Le résultat moyen est à 13 % du chiffre d'affaires, ce qui est déjà en soi exceptionnel. En outre, les comptes sont présentés de manière à " gonfler les charges et minimiser la rentabilité ". De plus, les investissements sont largement inférieurs à ce que la Lyonnaise fait payer pour cela aux consommateurs et à la CUB, ce qui lui permet une rentabilité financière exceptionnelle.
En ce qui concerne le traitement des déchets, là encore, la CUB a exprimé des doutes sur les comptes transmis par la société Astria, s'interrogeant notamment sur la hausse des frais de siège, c'est-à-dire l'argent que verse la filiale bordelaise à sa maison mère pour des " raisons de services ", ce qui permet des transferts de fonds pratiquement sans limite. Même questionnement sur une facturation de la tonne de déchet au double de ce qu'elle escomptait !
Il y a enfin les transports, qui sont laissés en exploitation à Veolia Transports, ex-Connex. Chaque année, la CUB alloue à cette société une somme censée couvrir le déficit du réseau. Mais elle couvre aussi... les profits de Veolia ! Car sur les 128 millions d'euros alloués en 2006, Véolia a réussi à empocher un résultat d'exploitation de 5,3 millions d'euros après avoir versé les fameux frais de sièges à la maison mère (2,5 millions d'euros), frais là aussi en hausse de 15 %. La CUB a noté que les comptes de cette entreprise étaient bons, " au-delà des prévisions " ! L'explication est sans doute dans le fait que pour les usagers, les trams et les bus sont régulièrement bondés, les moyens mis en oeuvre étant en dessous de ce qui est nécessaire.
Commentant en séance du conseil municipal, le 1er octobre dernier, les résultats de ces contrôles, la conseillère municipale Lutte Ouvrière de Mérignac a conclu en déclarant : " Le résultat de ces contrôles démontre que dans tous les secteurs, ces entreprises privées se servent au passage dans la caisse à coup de millions, de dizaines de millions d'euros. Personne ne peut plus dire qu'il n'est pas au courant. Continuer comme cela, cela tournerait à la complicité. On ne renégocie pas avec des voleurs. Il faut leur retirer cette gestion de toute urgence, imposer le retour en régie communautaire et exiger le remboursement des profits faits ces dernières années. "