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Leur société
Coupe du monde de rugby : Tous derrière Bouygues.
Après la victoire de l'équipe de France de rugby, en quart de finale de la coupe du monde, samedi 6, tout a été passé au tricolore et à l'ovale. Cette avalanche cocardière, l'importance donnée à cet événement, la présence de Sarkozy et d'autres célébrités au match et jusque dans les vestiaires ne doivent rien à un engouement populaire ou médiatique spontané. Il s'agit au contraire d'une campagne planifiée pour faire du rugby une affaire rentable, à l'exemple du football.
Pour cela il faut qu'il y ait du monde qui regarde les matches, dans les stades pour l'ambiance, devant la télévision pour la recette publicitaire (mais pas trop devant les écrans géants gratuits, car ces spectateurs ne peuvent pas être comptabilisés et donc pas vendus aux publicitaires). Attirer le public, d'après ceux qui dirigent les télévisions, cela passe par le spectacle et la victoire, donc par la professionnalisation des joueurs et leur transformation morphologique. Ils sont, depuis quelques années, de plus en plus puissants, de plus en plus " suivis médicalement " et gonflés comme des bêtes de concours. Le poids des joueurs augmentant, les matches ressemblent plus souvent à la " guerre de tranchées ", d'après les commentateurs sportifs eux-mêmes, qu'à un jeu de ballon aérien.
Pour attirer le chaland, il faut aussi que la presse monte l'événement en épingle. Les entreprises de presse et les télévisions y ont tout intérêt car elles augmentent ainsi le nombre des lecteurs et des téléspectateurs, donc le prix qu'elles demandent aux annonceurs pour passer de la publicité. La victoire française a d'ailleurs permis à TF1 de vendre la coupure publicitaire de trente secondes de la prochaine demi-finale 150 000 euros, au lieu des 120 000 euros initialement prévus. On comprend que TF1 ait ardemment souhaité la victoire de la France...
Pour donner du lustre à la chose, les " people ", à commencer par le premier d'entre eux, le président lui-même, sont mis à contribution et se font un devoir d'assister aux matches, de les commenter, de dire leur admiration pour des hommes et un sport dont ils ignoraient peut-être tout il y a quelques semaines.
Sarkozy le fait d'autant plus volontiers qu'une victoire de la France serait un bon prétexte à célébrer " l'unité nationale ", comme avec le football en 1998, et un moyen d'essayer de faire oublier aux plus pauvres l'avalanche de mesures antisociales qu'il est en train de mettre en oeuvre.
Il n'est pas nouveau que tout soit à vendre et que les bourgeois arrivent à tout transformer en capital, jusqu'à la joie du sport et de son spectacle. Mais il est rare d'arriver à ce point à mobiliser toute la société officielle pour la gloire et le profit d'un seul groupe, Bouygues, le propriétaire de TF1, en l'occurrence.