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Leur société
Zones d'éducation prioritaire : Il faut davantage de moyens pour les quartiers populaires
Alors que le ministre de l'Éducation nationale, de Robien, parle de " rouvrir le dossier des ZEP ", les zones d'éducation prioritaire dont l'existence a régulièrement été remise en cause, une campagne vient opportunément apporter de l'eau à son moulin.
Un rapport de l'Insee sur ce sujet, pourtant connu depuis deux ans mais qui n'est publié qu'aujourd'hui, indique par exemple que le système des ZEP " n'a eu aucun effet significatif sur la réussite des élèves ". La presse s'est emparée à sa façon de ce rapport, tel le journal Libération qui titrait son dossier : " ZEP : le bide scolaire ".
Le classement en ZEP d'établissements scolaires, écoles primaires, collèges et lycées de certains quartiers populaires, date de 1982, sous le gouvernement Mauroy. À l'époque, expliquait-on, il s'agissait de " donner plus à ceux qui ont moins ". Près de vingt-cinq ans plus tard, selon le rapport de l'Insee, la mise en place des ZEP n'aurait rien changé.
Mais à y regarder de plus près, ce constat est discutable puisque ce rapport note que " les ZEP peuvent paraître n'avoir aucun effet, simplement parce qu'elles ont réussi à maintenir les écarts de résultats observés en 1981, alors même que les difficultés des élèves et les conditions de travail des enseignants empiraient ". Bref, si les ZEP n'ont pas supprimé les discriminations scolaires, elles ont au moins permis de limiter les dégâts.
De 1982 à aujourd'hui, les difficultés des élèves et les conditions de travail des enseignants se sont dégradées à la mesure de la montée du chômage et du recul du monde du travail. Loin de confirmer les ambitions affichées en 1982, les gouvernements successifs n'ont pas " donné " les moyens nécessaires pour réduire les écarts, en tout cas à la hauteur de besoins sans cesse plus importants, dans des quartiers où les familles avaient de " moins en moins ".
L'augmentation continue du nombre de ZEP dans le pays, qui concerne actuellement plus de 1 700000 élèves et près de 7000 établissements scolaires, illustre cette réalité.
Le rapport de l'Insee signale que " les moyens affectés directement aux élèves se réduisent à quelques heures d'enseignement supplémentaires ". Les établissements classés ZEP bénéficient en moyenne de moins de 10% de moyens en plus de ceux affectés aux enseignements dans les autres zones. Cela permet tout juste de limiter les effectifs par classe et de contenir les difficultés, sans les surmonter vraiment. D'autant que ces établissements n'échappent pas pour autant aux problèmes généraux qui touchent toute l'Éducation nationale, tels les postes non pourvus, que ce soit des postes d'entretien, de surveillance ou d'enseignement, au point que l'appellation ZEP, malgré le dévouement des personnels, se réduit trop souvent à une étiquette.
Pour supprimer les discriminations scolaires, il faudrait autre chose que ces ZEP, qui ne peuvent être au mieux que des palliatifs. En attendant, les quartiers où l'éducation devrait être une priorité sociale doivent bénéficier de moyens bien plus importants que ceux qui leur sont alloués actuellement. Ce n'est pas cette orientation qui prévaut, pour ce gouvernement comme pour ceux qui l'ont précédé.