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- Lutte ouvrière n°1938
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Dans les entreprises
Chantiers de l'Atlantique Saint-Nazaire (44) : Les travailleurs polonais en grève font reculer les patrons !
Après la grève de la faim des travailleurs polonais de la société Kliper cet été pour obtenir la totalité de leurs salaires, ce sont à nouveau 13 travailleurs polonais qui se sont mis en grève le 14 septembre pour revendiquer le respect de leurs droits aux Chantiers de l'Atlantique.
Travaillant pour la société KOR-PA, basée à Szczecin en Pologne, sous-traitante de Technica Marine, elle-même sous-traitante des Chantiers de l'Atlantique, les salariés polonais, avec le soutien de la CGT, se sont mis en grève totale pour exiger tout ce que les patrons leur doivent. Et la liste est longue ! Entre autres, ils veulent le paiement d'une partie de leurs salaires de juillet-août, le paiement des heures supplémentaires, le droit aux congés payés, la continuité de leur contrat de travail, et tout simplement l'établissement d'un bulletin de paie !
Par ailleurs, ils ont dénoncé les menaces de renvoi au pays en cas de conflit, les badgeages frauduleux qu'ils sont forcés de faire chaque jour pour valider une " pause casse-croûte de deux heures " qui n'existe pas ! Et ainsi de suite !
Cette fois, les travailleurs polonais ont obtenu assez rapidement satisfaction sur presque toutes les revendications, y compris la poursuite de leur contrat de travail et même l'établissement d'un bulletin de salaire. La société KOR-PA s'engage à verser la somme de 45 517 euros net, en paiement des arriérés de salaires.
Un premier versement de 500 euros a été effectué le 17septembre, et le solde sera versé à chaque salarié au plus tard le 22 septembre par la société KOR-PA dans les locaux de la sous-préfecture de Saint-Nazaire, en présence de la CGT.
La lutte des travailleurs polonais a mis, une fois de plus, sur la place publique les méthodes scandaleuses de production aux Chantiers de l'Atlantique et l'attitude des pouvoirs publics qui laissent faire, en faisant mine de ne rien voir.
Cette victoire est à mettre, en premier lieu, sur le compte de la détermination des travailleurs polonais, qui n'ont pas hésité à se mettre en grève malgré les menaces de toutes sortes, suite à la grève de la faim de leurs camarades cet été qui avait contraint aussi les patrons à céder.
Mais cette victoire également est à mettre sur le compte des luttes successives de ces dernières années des travailleurs indiens, roumains, grecs, qui ont su relever la tête, défendre leurs droits face aux patrons mafieux, mais dont la direction des Chantiers de l'Atlantique porte l'entière responsabilité. Car c'est elle qui ordonne, décide, organise la production au moindre coût. L'image de marque qu'elle fait reluire régulièrement par presse interposée finit par en prendre un coup !
Malgré les difficultés de la langue, de l'éloignement, tous ces travailleurs venus des quatre coins de la planète ont montré que la dignité ouvrière existe, quels que soient les calculs des patrons.