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- Lutte ouvrière n°1938
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Dans les entreprises
L'Oréal – Chevilly-Larue (94) : De l'argent dans les coffres, mais pas sur les payes
L'Oréal est le premier groupe cosmétique du monde, avec les marques Garnier, Lancôme, Dop, Gemey-Maybelline, etc. Le chiffre d'affaires a doublé en dix ans, atteignant en 2004 les 14,5 milliards d'euros. C'est l'équivalent du produit intérieur brut (PIB) de la Bulgarie, un pays de 10 millions d'habitants ! Les profits, eux, ont triplé en dix ans, pour atteindre plus de 1,6 milliard d'euros en 2004, et déjà presque 900 millions d'euros pour le premier semestre de 2005...
Avec cet immense trésor qui s'accumule année après année, L'Oréal rachète des marques de cosmétiques partout dans le monde. Ses coffres sont encore tellement pleins qu'elle rachète ses propres actions pour les détruire et faire ainsi monter le cours en Bourse de celles qui restent. Dernièrement, elle en a détruit pour la somme de 1,25 milliard d'euros et s'apprête à répéter l'opération.
Le PDG du groupe, Owen-Jones, qui a annoncé son départ à la retraite, est parmi les mieux payés en France. Rien qu'en salaire, il a touché 6,5 millions d'euros en 2004. À quoi s'ajoutent de nombreuses stock-options que lui ont octroyées les actionnaires ravis.
Ce sont eux les véritables gagnants permanents de cette machine à profits qu'est L'Oréal. Le dividende par action a encore augmenté de plus de 12% en 2004 et il a presque quintuplé en dix ans. La multinationale suisse Nestlé, qui possède plus du quart des actions, empoche autant de profits. Ce qui ne l'empêche nullement de licencier dans le Gard chez Perrier l'an dernier, et dans une chocolaterie des Bouches-du-Rhône cette année. D'ailleurs L'Oréal de son côté possède une partie du capital de ce groupe agro-alimentaire. Ainsi Liliane Bettencourt, principale actionnaire de L'Oréal, fait son beurre grâce au lait corporel mais aussi au lait concentré !
Longtemps première fortune de France (elle ne serait plus que deuxième), sa fortune, selon le magazine américain Forbes, est passée de 14,5 milliards de dollars en 2003 à 18,8 milliards de dollars l'an dernier. Ce qui la place en onzième position des fortunes mondiales. Et Liliane Bettencourt, qui avait tout hérité de papa, prépare également sa succession. Sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, siège au conseil d'administration de L'Oréal, pendant que le mari de celle-ci, Jean-Pierre Meyers, est vice-président de Nestlé. Une famille en or...
Mais voilà, en ce qui concerne les salariés, la dernière fois que nous avons eu plus de 1% d'augmentation générale, c'était en 2000 avec 1,2%. C'était déjà en dessous de la hausse des prix. Et depuis, nos salaires se traînent : 0,5% en 2004 et rien en 2005.
À Chevilly-Larue, en banlieue parisienne, qui est un centre de recherche et développement où nous sommes plus de 700, une technicienne avec sept ans d'ancienneté gagne 1800 euros par mois, et une employée de laboratoire avec la même ancienneté gagne moins de 1200 euros.
Comme dans beaucoup d'autres entreprises, la direction individualise le plus possible les rémunérations par le biais de l'intéressement et de la participation. Elle déclare que " les salariés dont la performance est jugée satisfaisante devraient bénéficier du maintien du pouvoir d'achat de leur salaire brut, en moyenne sur les trois ans ". Quelle générosité !
Mais il existe des collègues qui voient passer quatre ou cinq ans avant une mesure individuelle.
Ce blocage de nos salaires est un sujet de discussion qui revient souvent à Chevilly. Il faudra un jour ou l'autre imposer que ces milliards d'euros engrangés grâce à notre travail servent à autre chose qu'à enrichir une famille de milliardaires.