Afghanistan : Une parodie de démocratie22/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1938.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Une parodie de démocratie

Dimanche 18 septembre, les Afghans votaient pour élire des représentants au Parlement et aux Conseils provinciaux. On ne connaît pas les résultats de ces élections, car le dépouillement doit durer plus d'un mois, mais elles nous sont présentées ici comme étant une victoire de la démocratie. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, voit même dans ce vote " la claire détermination du peuple afghan à poursuivre le développement pacifique et démocratique de sa nation ". Quant à George Bush, il parle de " réussite ", de " pas important dans le sens du développement de l'Afghanistan en tant qu'État démocratique gouverné par le règne de la loi ".

À voir les circonstances dans lesquelles se sont déroulées ces élections législatives, on se dit que les représentants des puissances occidentales ont une bien curieuse conception de la démocratie.

Déjà, ces élections se sont déroulées sous haute surveillance : des milliers d'hommes des forces de sécurité, afghanes mais surtout étrangères, ont été mobilisés, dans la crainte que les bureaux de vote ne soient attaqués par les talibans, qui appelaient au boycott. Dans ces conditions, les " observateurs " se satisfont de la participation, estimée à 50%.

De même, ils ne sont pas non plus très regardants sur le passé des quelque 2 800 candidats aux législatives. Parmi eux se trouvaient d'anciens talibans, avec leur passé de petits dictateurs et de tortionnaires, en compagnie de tous les chefs de guerre qui ont vu dans les élections un moyen d'acquérir, aux yeux des puissances occidentales, une légitimité pour le pouvoir qu'ils exercent, par la terreur et les assassinats, sur les populations qu'ils contrôlent. Même si trente-deux d'entre eux ont été exclus des listes à cause de " leurs liens avec des groupes armés ", il restait tous les autres et, ces six derniers mois, mille personnes ont été assassinées, dont sept candidats, en liaison avec la campagne électorale.

On nous a aussi parlé " d'avancée démocratique " dans le fait que les femmes votent en Afghanistan. Un quota de 25% des sièges leur est même réservé. Mais qu'elles soient allées voter cachées sous la burka, sans même que l'on voie leur main mettant le bulletin dans l'urne, que, là où les bureaux étaient installés dans des mosquées, les femmes aient voté à part, à l'extérieur, pour ne pas " souiller " des lieux qualifiés de " purs ", ne semble pas choquer les démocrates occidentaux. En même temps, une jeune présentatrice de télévision était assassinée parce qu'elle avait osé se présenter à visage découvert !

Mais surtout, cette parodie d'élections s'est déroulée dans un pays en guerre, où le gouvernement du président Karzaï tient avant tout parce qu'il a l'appui des troupes américaines et occidentales, dont les troupes françaises présentes dans le pays avec près d'un millier d'hommes. Quelle démocratie peut-il bien y avoir dans un pays occupé par les armées des puissances occidentales ?

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