Argentine : Le gouvernement rembourse le tiers de sa dette... au détriment des classes populaires25/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1912.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Le gouvernement rembourse le tiers de sa dette... au détriment des classes populaires

Le gouvernement argentin est en train de mettre fin à trois ans de moratoire sur sa dette privée. Jusqu'à présent, le gouvernement argentin avait toujours honoré ses dettes auprès des établissements de crédit internationaux, en revanche il avait gelé celles contractées auprès de prêteurs privés, soit 81,8 milliards de dollars. Il vient de proposer d'honorer 0,32 dollar pour chaque dollar dû. Cette proposition, qui représente une perte de près 70% des montants prêtés, aurait obtenu l'adhésion de la majorité des créanciers, argentins comme étrangers. Le président argentin, Nestor Kirchner, a d'ores et déjà présenté cette opération comme un succès dont il attend une relance des crédits et des prêts à destination de l'Argentine.

Mais si cette opération se solde finalement par un retour en grâce auprès de certains porteurs de capitaux, qui n'avaient prêté à l'Argentine que parce qu'ils escomptaient un juteux profit, elle ne peut avoir comme conséquence que de relancer, plus ou moins vite, l'économie argentine dans le tourbillon spéculatif qui l'avait fait sombrer en 2001.

Quant au mode de remboursement proposé, il ne contribuera qu'à réduire les pertes subies par les classes moyennes, celles qui avaient des comptes en banque, et donc des économies, et qui sont déjà celles qui se sont en partie relevées de la crise de 2001.

Même si la croissance a repris, depuis deux ans maintenant, une vitesse de croisière de 8 à 9%, il n'est pas au programme des dirigeants argentins d'améliorer les conditions d'existence de la population laborieuse, et ce n'est évidemment pas en prenant sur ses ressources pour rembourser une partie de sa dette privée que le gouvernement pourrait s'en donner les moyens.

Actuellement, la moitié de la population argentine reste dans la grande pauvreté. Une grande partie de la population de la capitale, Buenos Aires, continue de fouiller dans les poubelles à la recherche de nourriture ou de déchets revendables. La majorité des chômeurs n'ont pas retrouvé de travail et ils doivent toujours lutter pour obtenir les quelque subsides auxquels ils peuvent avoir droit. Pour beaucoup, manger continue de dépendre des solutions alternatives qu'ils ont eux-mêmes mises en place, comme des cantines ou des boulangeries de quartier.

Officiellement, ce qu'on appelle «le seuil de pauvreté» est fixé à 750 pesos par mois pour une famille de quatre personnes. Mais quand on calcule ce qu'il est nécessaire à cette même famille pour vivre, c'est-à-dire assurer nourriture, logement, eau, électricité, habillement, transport, on arrive au chiffre de 1800 pesos. Or le salaire minimum est fixé à 450 pesos!

Les salaires des deux tiers des travailleurs argentins ne dépassent pas 700 pesos. Ceux qui vivent de petits boulots non déclarés ont des revenus de 300 pesos. Quant aux millions de chômeurs, ils ont droit au mieux à un «plan de travail», sorte de RMI de 150 pesos.

Alors, pour tous ces travailleurs, qui n'ont jamais eu d'argent de côté et à qui le gouvernement n'a rien à rembourser, il n'y a pas d'autre solution, pour améliorer leur sort, que de compter sur eux-mêmes, et bien sûr sur leurs luttes.

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