AP-HP région parisienne : Suppressions d’emplois et de lits25/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1912.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

AP-HP région parisienne : Suppressions d’emplois et de lits

Le conseil d'administration de l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a adopté lundi 21 mars les grandes lignes d'un plan quinquennal qui prévoit la suppression de 1820 emplois sur 70000, et sur les 39 établissements que la structure regroupe, ainsi que la fermeture de 800 lits de long séjour en gériatrie, où sont prises en charge des personnes âgées disposant de peu de ressources. Une manifestation de travailleurs de ces hôpitaux, organisée le même jour devant le siège parisien de l'AP-HP, s'élevait contre les conséquences de ce plan.

Le vote définitif du plan, qui aura lieu en juin, comportera l'application des orientations à chaque hôpital et un «projet social et professionnel» qui, selon la directrice générale, Rose-Marie Van Lerberghe, anciennement cadre à la direction des ressources humaines chez Danone, a été longuement discuté avec les organisations syndicales, mais dont, en tout cas, le personnel ignore tout.

Un personnel toujours insuffisant

Sur les 1 820 emplois supprimés, la directrice générale prétend en réalité viser l'embauche de 2200 emplois de soignants et supprimer 4000 postes dans le personnel administratif et ouvrier.

En supposant que ces prévisions soient respectées, elles sont déjà inacceptables. Comme le mouvement qui a agité récemment les économats l'a montré, les tâches des administratifs augmentent en volume et leur technicité s'accroît. Quant au personnel ouvrier, il est d'ores et déjà en nombre insuffisant pour assurer la maintenance des installations existantes.

Et pour oser prétendre que l'embauche sur cinq ans de 1800 soignants va résoudre la pénurie d'effectifs qui règne dans les services, il faut vraiment faire comme si l'on n'avait aucune idée de la situation. Comme si l'on ignorait qu'une infirmière anesthésiste peut se retrouver seule pour quatre ou cinq blocs opératoires, une infirmière ou une aide-soignante seule pour trois salles, que des repos sont annulés pour faire fonctionner tant bien que mal les services.

Moins de lits en gériatrie

L'autre aspect de ce plan, la suppression annoncée de 800 lits de long séjour gériatrique, moins de deux ans après la canicule, et au milieu de tous les discours sur l'attention qu'il faut porter aux personnes âgées, est particulièrement choquant.

Le prétexte avancé est de concentrer les moyens de l'AP sur le court séjour gériatrique, c'est-à-dire sur les personnes âgées qui nécessitent des soins, laissant à d'autres établissements (maisons de repos, hôpitaux hors AP) celles qui n'en ont pas besoin. Mais pour renforcer ce pôle, l'AP ne prévoit de créer que 150 places! D'après la directrice générale, cela suffirait à doter les 17 hôpitaux ayant un service d'urgence de secteurs où prendre en charge les vieillards malades.

Quiconque a traversé un service d'urgence, où malades et personnes âgées peuvent attendre des jours dans les couloirs, pourra juger combien ces 150 places sont dérisoires. En particulier, elles ne résoudront pas un des problèmes majeurs qui se posent aujourd'hui. Les services dits «de soins de suite» ou «porte», où l'on doit hospitaliser pour 24 heures maximum les malades venant des urgences en attente d'un lit correspondant à leur pathologie, sont encombrés de personnes âgées qu'on ne sait où diriger. Cela, c'est la réalité de l'accueil à l'AP.

La directrice a promis que chaque fermeture de lit de gériatrie ne serait faite qu'avec l'assurance qu'une structure non AP prendra le relais. La psychiatrie a montré ce que vaut ce type d'engagement: les lits qui y ont fermé par milliers devaient être compensés par des structures extra-hospitalières. Cela n'a jamais été le cas, et les drames survenus ces derniers temps ont illustré les conséquences des fermetures.

Les manifestants de lundi 21 mars autour du siège de l'AP étaient trois cent cinquante, mais les syndicats FO, SUD, CGT, CFTC et CFDT n'avaient lancé l'appel, au mieux, que vendredi 18. Les syndicalistes criaient dans les sonos: «Rose-Marie, démission!» ou encore «Rose-Marie, retourne à tes yaourts!»

Reste, d'ici le mois de juin, à tout faire pour que le personnel ait les moyens de réagir massivement et de montrer à la directrice générale que la santé, ce n'est pas elle, mais nous qui y travaillons.

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