Procès des marchés publics d’Île-de-France : Ministres et industriels acoquinés25/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1912.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès des marchés publics d’Île-de-France : Ministres et industriels acoquinés

Il y a du beau linge, parmi les 47 prévenus qui comparaissent depuis lundi 21 mars devant le tribunal correctionnel de Paris, dans le procès de l'affaire des lycées d'Ile-de-France: Michel Giraud, ancien ministre du Travail sous Balladur et par ailleurs ancien président RPR du Conseil régional, auquel il confiait le soin de rémunérer sa femme de ménage et son gardien; Gérard Longuet, qui fut ministre de l'Industrie et qui est encore aujourd'hui sénateur de la Meuse; Michel Roussin, le bras droit de Chirac quand il était à la Mairie de Paris et qui fut ministre de la Coopération sous Balladur; Guy Drut, ancien ministre des Sports; sans compter les anciens trésoriers du RPR, du PR et du PS et une kyrielle de hauts responsables d'entreprises du bâtiment et de travaux publics...

Tout ce joli monde est accusé d'avoir profité, entre 1990 et 1995, des fonds alloués par le Conseil régional d'Ile-de-France pour la rénovation et l'entretien des lycées, afin de financer les partis politiques. Tous les grands partis de l'époque -RPR, PR, PS et PC- en auraient profité.

Si on en croit les conclusions de l'enquête, les modalités de la combine étaient au point. Au plus haut niveau du Conseil régional, il y avait une entente pour que les marchés de rénovation des lycées soient confiés, tour à tour, aux plus grandes sociétés de travaux publics, les Bouygues, Dumez, GTM, Fougerolles et autres filiales de la Compagnie Générale ou de la Lyonnaise des Eaux. En retour, ces géants des travaux publics restituaient 2% de la facture aux partis politiques. Cette ristourne était répartie au prorata de la représentation des grands partis: 1,2% pour le RPR et le PR et 0,8% pour le PS et le PC! Comme la facture de la rénovation des lycées d'Île-de-France a atteint la jolie somme de 12 milliards de francs, ce sont plus de 200 millions de francs, prélevés sur des fonds publics, qui sont allés dans les coffres des grands partis politiques.

Aujourd'hui, devant le tribunal, chacun joue les victimes. Les dirigeants des grands groupes du bâtiment affirment que c'était un racket, assorti de menaces et de chantage de la part des responsables politiques. Ces derniers, la main sur le coeur, jurent que désormais on ne les y reprendra plus. Balivernes! Ils font partie du même monde, ils défendent les mêmes intérêts et sont bien souvent interchangeables, passant de l'activité politique à la gestion des affaires commerciales et industrielles, et vice versa.

Ces grandes entreprises qui versent des pots de vin attendent en retour non seulement une politique qui les serve, mais aussi et surtout du bel et bon argent, sous forme de commandes, de subventions, d'exonérations de charges. Finalement, le plus écoeurant c'est ce système où les fonds publics puisés dans les caisses de l'État servent à enrichir sans contrôle réel les grands groupes industriels, avec la complicité des politiciens à leur service et sur le dos de la majorité de la population.

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