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Salaires de la Fonction publique : Rien ne sortira du tapis vert
Le ministre de la Fonction publique, Renaud Dutreil, a rencontré mardi 22 mars les représentants de sept fédérations de fonctionnaires (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, FSU et UNSA) pour entamer des négociations sur les salaires. Il n'en est rien sorti, comme on pouvait s'y attendre. Il propose un autre rendez-vous pour le 29 mars ou le 1er avril, de quoi faire traîner en longueur de vaines discussions.
Au lendemain de la manifestation du 10 mars dernier, le gouvernement a jeté en pâture aux syndicats une vague promesse d'augmentation de 1% du point d'indice et un rendez-vous pour discuter. Non seulement il ne s'est engagé sur rien, mais en plus il a tout de suite posé une condition à un éventuel coup de pouce: la «modernisation» de la fonction publique. Le gouvernement veut, autrement dit, se donner plus de moyens pour supprimer des milliers d'emplois dans les établissements scolaires, dans les hôpitaux, dans les transports.
Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a d'emblée donné son accord à ce marché de dupes. «Le donnant-donnant, c'est un geste du gouvernement sur les salaires de cette année avant d'ouvrir les autres chantiers», a-t-il déclaré, estimant qu'une augmentation de 1,8%, pourcentage soi-disant équivalant à l'inflation, serait un geste suffisant. Le secrétaire général de la fédération CGT des fonctionnaires, Jean-Marc Canon, n'a pas montré une attitude bien différente en déclarant dès le lundi 21 mars que le gouvernement devait «annoncer très rapidement une mesure significative » en matière de hausse salariale, pour qu'il y ait un «apaisement social» dans la fonction publique. «Au-delà de 1%, on pourrait estimer qu'il y a une mesure significative», ajoutait-il. Le gouvernement peut donc compter sur les syndicats, ils se montrent «responsables» d'avance.
Il n'est bien sûr même pas dit que le gouvernement cédera quelques miettes. Mais même s'il cédait 1% ou 1,8% d'augmentation, les directions syndicales seraient peut-être satisfaites, mais certainement pas les travailleurs, dont le pouvoir d'achat a baissé d'au moins 5% depuis 2000. Ce ne sont pas les 0,5% d'augmentation le 1er février et les autres 0,5% à venir le 1er novembre prochain, accordés par Dutreil il y a trois mois, et qui ne représentent en fait que 0,54% d'augmentation sur l'année, qui enrayeront cette chute.
Comme dans le secteur privé, un grand nombre des 5,2 millions de travailleurs du secteur public ont des salaires très bas. Beaucoup avoisinent le smic. Ainsi, un agent de service qui travaille dans un établissement scolaire gagne en début de carrière 1162 euros brut, soit à peine plus que le smic mensuel «35 heures», le plus bas, qui est de 1154 euros, brut toujours. Un ouvrier professionnel débutant touche un salaire mensuel brut de 1175 euros. Une infirmière (salariée de la fonction publique hospitalière) gagne à ses débuts dans le métier 1356 euros brut par mois.
Le gouvernement prétend qu'il n'a pas d'argent. Le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, a précisé mardi 22 mars que les «marges de manoeuvre (du gouvernement) ne sont pas illimitées». Il y a trois mois, Dutreil avait chanté la même chanson en déclarant que le rattrapage de la perte du pouvoir d'achat depuis 2000, qui représenterait selon lui 10 milliards d'euros, était «hors de portée». Mais quand il s'agit de renflouer les caisses du patronat, plus rien n'est hors de portée; les seules exonérations patronales pour 2005 s'élèvent à 18 milliards d'euros, selon les chiffres de la CGT.
Un chose est sûre: ce ne sont pas les séances de discussions avec le gouvernement autour du tapis vert qui le feront céder, mais les grèves et les manifestations.