Belgique : Fin de grève à AGC Fleurus25/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1912.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Belgique : Fin de grève à AGC Fleurus

Après 104 jours de grève et de nombreuses manoeuvres, la direction de l'entreprise AGC de Fleurus, la Région wallonne et la direction des appareils syndicaux ont finalement obtenu un vote à 62 % des travailleurs -sur 720 à l'effectif- pour entériner le plan de licenciements de la direction.

Le président PS du gouvernement wallon s'est félicité que «les travailleurs ont mis fin à un conflit social sans doute trop long et atypique en Région wallonne». Les directions syndicales, dont la FGTB qui a une place prépondérante dans l'industrie wallonne, poussaient à la reprise. Le responsable FGTB annonçait: «Nous suivrons l'avis de la majorité, même si elle n'est que de 50% plus une voix.»

Mais la démocratie ne consiste pas à se plier aux choix des gros actionnaires de la multinationale Asahi Glass (1,3 milliard d'euros de profits en 2004). Ces trusts se comportent comme des hors-la-loi. La presse patronale signale que les trois groupes qui dominent le marché du verre en Europe (Pilkington, Saint-Gobain, Asahi Glass) font l'objet d'une enquête de la Commission européenne pour «entente illicite sur les prix» et «pratique de cartel en vue d'un partage du marché»!

Les grévistes s'opposaient au licenciement de 300 des leurs (sur 720) et à une flexibilité accrue. La direction avait annoncé son intention de remplacer les licenciés par des intérimaires ou des sous-traitants et d'augmenter la charge de travail jusqu'à 30%. AGC ne se cachait pas de payer des dizaines de millions d'euros en astreintes payées à ses clients et en commandes transmises à ses concurrents. Les actionnaires ont refusé de faire la moindre concession.

Les médias ont présenté cette lutte des travailleurs sous un jour systématiquement défavorable, parlant «d'accepter l'accord pour sauver l'entreprise», la direction accusant les grévistes «de mettre l'usine en difficulté pour sauver un noyau de jusqu'au-boutistes qui n'ont plus rien à perdre». Pourtant un autre site d'Asahi en Belgique, présenté comme un des «fleurons du groupe» et réputé ne «pas perdre un seul jour de travail pour fait de grève», a perdu 40% de ses effectifs les deux dernières années!

Pour le Parti Socialiste, «les activités du site seront pérennisées et un maximum d'emplois seront préservés». Mais c'est un mensonge! La direction ne s'est engagée à maintenir 556 emplois que jusqu'en 2007. Et rien ne l'empêchera de déchirer cet accord d'ici là, d'autant plus facilement que la plupart des militants actifs sont sur la liste noire. Car les salariés ont été officiellement classés en trois listes: «blanche» pour ceux qui gardent leur emploi, «noire» pour ceux qui sont licenciés immédiatement et «grise» de travailleurs «en probation», qui seront licenciés s'ils ne montrent pas de bonne volonté dans la nouvelle organisation du travail.

Les indemnités de grève versées par les syndicats (900 euros en février) ont sans doute aidé à tenir, mais c'est devenu un moyen de pression: poursuivre la grève sans reconnaissance des directions syndicales, c'est faire grève sans cette aide.

Aucune des différentes tendances syndicales au sein de l'entreprise n'a proposé d'essayer d'entraîner les travailleurs d'autres entreprises pour poser le problème à une échelle plus large, alors que les licenciements et les restrictions de salaires sont une menace pour tous les travailleurs des entreprises autour d'eux.

À la grande surprise de la direction elle-même, de nombreux travailleurs «gris» et «blancs» ont fait la queue pour demander officiellement à partir «au volontariat», selon la direction, avec une indemnité pourtant faible de 13 000 euros brut, en plus des indemnités légales. La majorité de ces travailleurs sont révoltés par les méthodes de la direction et ne conçoivent plus de travailler dans cette entreprise.

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