Depuis le jeudi 17 mars, c'est la grève au service des Urgences du CHU (Centre hospitalier universitaire) de Rennes. Cela fait des mois que les brancards s'alignent dans les couloirs du service d'Accueil avec 45 à 50 patients, alors qu'il n'y a que 16 places dans les chambres.

Résultat, il faut mettre trois patients dans les chambres à deux lits et une ou deux rangées de brancards dans le couloir. Comment donner des soins dans de telles conditions? Ces patients en attente d'un lit peuvent rester jusqu'à 72 heures sur un brancard!

Le personnel en avait assez de travailler dans de telles conditions et était de plus en plus démoralisé d'avoir à accueillir aussi mal les patients. Il a décidé de réagir en se mettant en grève reconductible. Ce manque de places ne doit rien au hasard. Depuis des années, les différents gouvernements ont systématiquement fermé des lits pour économiser. Au CHU de Rennes, entre 2000 et 2004, 203 lits ont été supprimés, soit environ 10% des lits!

Le personnel a d'abord distribué un tract, bien accueilli, dans le CHU, pour informer les autres services de la situation et de la raison de leur mouvement. D'autant que, face à l'affluence à l'accueil, la direction a décidé d'installer un peu partout des lits supplémentaires, augmentant ainsi la charge de travail de services déjà surchargés, sans renfort en effectif, bien sûr! Ils étaient une cinquantaine à la rencontre avec la presse, qui a relayé les différents témoignages sur les conditions lamentables dans lesquelles ils travaillent et leur désolation de devoir accueillir les malades dans de telles conditions.

Les médecins urgentistes de la région Bretagne se sont également mis en grève, en particulier ceux des SAMU. Ils protestent contre le manque de moyens, mais aussi contre le fait que les médecins libéraux assurent de moins en moins les gardes de nuit et de week-end. Dans de nombreux cabinets médicaux, les malades qui cherchent à contacter leur médecin le soir ou le week-end sont accueillis par un répondeur qui les invite à contacter le SAMU! Résultat, les centres d'appels des SAMU sont débordés!

À la veille du week-end des 19 et 20 mars, pour que le scandale des Urgences ne se voie pas trop, la direction a fait vider les couloirs en imposant les malades dans les autres services et en laissant ouverts certains hôpitaux de semaine, normalement fermés le vendredi soir. Elle a aussi ouvert en catastrophe six chambres, inutilisées à cause du manque de personnel depuis des années dans un service neuf.

Mais dès le lundi soir les couloirs des Urgences étaient à nouveau encombrés. La pénurie de lits est telle que les palliatifs ne permettront pas de répondre aux besoins estimés, pour les Urgences du CHU, à une trentaine de lits.

La grève continue pour que cesse le scandale de malades qui restent 24 ou 72 heures sur un brancard dans les couloirs!