«La guerre des étoiles» : Bush reprend le rôle de Reagan11/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1713.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

«La guerre des étoiles» : Bush reprend le rôle de Reagan

Le président des Etats-Unis vient d'annoncer son intention de mettre en route un grand projet de «défense anti-missiles», qui fait inévitablement penser à celui que Ronald Reagan avait développé dans le début des années 1980. On ne sait pas encore s'il s'agit d'un geste de plus destiné à se distinguer de son prédécesseur Bill Clinton, ou si le programme militaire évoqué aura réellement une suite.

En tout cas, pour l'instant, c'est surtout la nécessité de revoir le traité dit ABM, conclu en 1972 entre Nixon et Brejnev, sur la limitation des missiles anti-missiles, qui a été mis en avant concrètement, et qui a suscité les réactions inquiètes des autres pays. En 1972, le développement de telles armes coûtait de toute façon tellement cher, sans que leur efficacité soit prouvée, qu'il avait été abandonné par les USA comme par l'URSS dans les années 1974-1975. Il était moins onéreux de construire des missiles à la pelle que d'essayer de les détruire en plein vol !

Mais justement, aujourd'hui, c'est la difficulté à mette en place un tel dispositif qui en fait tout l'intérêt. Les recherches qu'il nécessite permettent en effet d'arroser largement tous les secteurs de l'industrie américaine en commandes, crédits et subventions, sans véritable obligation de résultat. Ainsi, sous Reagan, les crédits alloués à la recherche militaire avaient doublé en quelques années, et le budget de l'armée augmenté de 30 %. Le Pentagone avait ainsi financé une part croissante des investissements industriels.

A l'époque, Reagan pouvait encore justifier un tel programme par l'importance, réelle ou supposée, de l'armement soviétique. Une campagne d'opinion sur la menace qu'aurait fait planer la prétendue supériorité militaire de l'URSS avait d'ailleurs opportunément accompagné la mise en place de ce programme de «guerre des étoiles», comme on l'avait alors appelé.

Mais Bush ne peut plus agiter cet épouvantail. Il lui a donc fallu trouver d'autres ennemis. Il a été les chercher du côté de la Chine, qui avec ses 20 missiles balistiques menacerait gravement les Etats-Unis, de la Corée du Nord et, bien sûr, de l'Irak. Ce dernier est incapable d'empêcher les avions de survoler son territoire et de bombarder régulièrement sa population, mais il faudrait se protéger de lui en déployant satellites, radars et fusées un peu partout dans le monde !

Ne pouvant quand même pas mettre en avant l'arsenal militaire de ces Etats, comme Reagan l'avait fait en son temps pour l'URSS, Bush les accuse d'être «imprévisibles». On ne peut certainement pas en dire autant de la politique de dirigeants impérialistes comme lui. Président après président, elle est toujours la même : créer de toutes pièces des menaces imaginaires pour arroser industriels et banquiers, en même temps que justifier, auprès d'une opinion publique que l'expérience a rendue méfiante, la nécessité d'envoyer des soldats défendre les intérêts de l'impérialisme aux quatre coins du monde.

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