Voir : Liam (de Stephen Frears)11/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1713.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

Voir : Liam (de Stephen Frears)

A Liverpool, dans les années trente, Liam est le dernier enfant d'une famille ouvrière. Il a du mal à s'exprimer, les mots sortent difficilement, mais il a les yeux grand ouverts sur le monde des adultes.

Un monde difficile à comprendre et bien déraisonnable. Le père et le grand frère sont ouvriers, ce qui permet de faire vivre, chichement, la famille. Alors que le frère commence à militer avec le Parti Communiste, le père, lui, individualiste, est persuadé qu'il ne sera jamais au chômage. Mais son usine ferme à son tour. Lui, comme les autres chômeurs, doit accepter l'humiliation qui consiste, chaque matin, à s'attrouper en espérant être choisi par un contremaître qu'il faut soudoyer à coup de bières, pour obtenir de travailler à la journée.

La famille plonge dans la misère. La mère ravale son amour-propre et on envoie la grande soeur de Liam faire le ménage chez les anciens patrons de l'usine. Elle découvre un autre monde, celui du luxe, où l'on jette de la viande, où on s'achète des robes qu'on ne mettra pas. Elle est aussi attirée par ce monde cultivé, aimant la musique, où les gens sont polis, ne crient pas et sont aimables avec elle.

Liam, sous la férule de curés sadiques qui tentent de persuader ces gamins de 8 ans que leur âme est déjà «noire de crasse» et qu'il faut la laver à coup de confessions qui sont autant d'interrogatoires vicieux, s'interroge. Et heureusement, les descriptions de l'enfer éternel ne tuent pas cette saine curiosité.

Le père perd son statut de chef de famille, devient haineux mais se trompe de révolte. Il est attiré par les fascistes qui s'en prennent aux Juifs et aux Irlandais qui sont accusés de venir voler leur travail, en acceptant un salaire de misère. Alors que les meetings communistes sont réprimés et dispersés par la police, les meetings des fascistes se déroulent sous leur protection.

Le film montre le plus grand ravage : des familles ouvrières auparavant amies qui, par la misère et le nationalisme qu'elle engendre, se retrouvent opposées et divisées.

Film d'une grande sensibilité, aux personnages complexes et pleins d'humanité et très bien joués, il est à voir et faire voir avant qu'il ne disparaisse des circuits de distribution.

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