Tribune : On se lève tous contre les licencieurs !11/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1713.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Tribune : On se lève tous contre les licencieurs !

Les travailleurs touchés par la fermeture de leur entreprise ou par un plan de licenciement ne baissent pas les bras. Contre Péchiney à Marignac dans les Pyrénées, contre Marks & Spencer dans tous les magasins du pays, contre Alstom à Belfort qui a demandé à 80 personnes du jour au lendemain de prendre leurs cliques et leurs claques, contre tous ces trusts qui restructurent leur machine à profit, des travailleurs se lèvent. Pas possible d'être mis au chômage quand on a 40 ou 50 ans, des enfants à élever, dans des villes et des régions déjà dévastées par le chômage. Non, vraiment pas possible.

Mais arrêter cette politique infernale, ce système infernal, paraît insurmontable ici ou là à quelques dizaines, et même à quelques centaines ou quelques milliers. C'est par contre possible si tous les travailleurs menacés par des licenciements ou une fermeture s'y mettent ensemble. Et ce que montre l'avalanche actuelle des sales nouvelles, c'est que nous sommes tous menacés. Nous sommes tous des licenciés en puissance. A chacun d'entre nous, partout, le patron peut demander du jour au lendemain de ne plus revenir à son poste de travail ! Cela peut arriver dans les entreprises qui déclarent des profits comme dans celles qui déclarent des pertes, dans les entreprises qui licencient pour faire grimper leurs actions comme dans celles qui déposent leur bilan pour permettre à Seillière et d'autres de sauver leurs énormes magots ! Comme chez AOM.

Il faut mettre un terme à ces pratiques. Il faut les interdire. Il faut que l'indignation et la colère des travailleurs licenciés et de tous les autres ne s'expriment pas isolément. Pour nous tous à la différence des skippers, il n'y a pas de succès «en solitaire». Il faut mener notre barque tous ensemble, faire grossir et converger la protestation, en répondant aux rendez-vous d'ores et déjà donnés. Car il y en a.

Les Marks & Spencer de toute l'Europe vont manifester à Londres le 17 mai. Ceux de Moulinex à Paris le 19. La CGT appelle à une journée d'action le 22 mai, avec un rassemblement devant l'Assemblée nationale à Paris où un timide projet de loi sur la «modernisation sociale» sera à l'ordre du jour. La direction de FO a laissé entendre qu'elle pourrait s'y joindre. Et surtout, un appel vient d'être lancé jeudi dernier par les travailleurs et les syndicats de LU-Danone de l'usine de Ris-Orangis, auquel se sont joints ceux d'AOM, Air-Liberté, Marks & Spencer, en faveur d'une manifestation nationale contre les licenciements, le samedi 9 juin à Paris. Cet appel s'adresse à tous les syndicats et notamment à toutes les confédérations syndicales, à tous les partis politiques et toutes les associations de chômeurs qui entendent défendre les intérêts du monde du travail.

Oui, il faut interdire les licenciements, sous peine de réquisition des grandes entreprises qui y procèdent. Oui il faut se lever contre la politique des faiseurs d'argent et du gouvernement qui ne lève pas le petit doigt contre leur politique. Une nouvelle fois comme bien d'autres dans le passé, la gauche gouvernementale s'incline devant le prétendu «mur de l'argent». Avec juste quelques lamentations. Et il y a encore des élus de gauche qui, avec ceux de droite dans les conseils régionaux et autres, votent des crédits aux patrons licencieurs. A commencer par le Conseil régional d'Ile-de-France, présidé par le socialiste Huchon, qui vient de «dégeler» une subvention à Danone, pour un centre de recherche dans l'Essonne, à deux pas de l'usine de Ris-Orangis destinée à la fermeture !

Tout un symbole. La gauche respectueuse qui fête les 20 ans de l'ère Mitterrand n'en relèvera pas son image. Mais la classe ouvrière, elle, doit défendre bec et ongles ses intérêts, et se dresser de toute sa force contre les patrons qui licencient et les gouvernants qui les y aident.

La manifestation du 9 juin à Paris, après la journée de la CGT du 22 mai, sera la nouvelle étape de la mobilisation pour l'interdiction des licenciements. De nombreux syndicats ont déjà donné leur accord. Le Parti communiste, la LCR et Lutte Ouvrière également. Il faut que l'appel soit entendu et suivi, partout. Il y va de nos intérêts vitaux.

Editorial des bulletins d'entreprise l'Etincelle de la minorité du mardi 8 mai 2001

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