Lire : Hommes et choses de la Commune (de Maurice Dommanget)11/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1713.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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Lire : Hommes et choses de la Commune (de Maurice Dommanget)

Ce livre rassemble une partie des textes écrits par Maurice Dommanget, historien et militant du mouvement ouvrier, sur la Commune de Paris et publiés entre les deux guerres mondiales dans la revue L'Ecole émancipée. Il s'agit d'une réédition en fac-similé de l'ouvrage publié en 1937.

Dommanget cite Louise Michel dans un article consacrée aux femmes de la Commune : «J'appartiens tout entière à la révolution sociale (...) Vous me reprochez d'avoir participé à l'exécution des généraux : à cela je réponds : ils ont voulu faire tirer sur le peuple, je n'aurais pas hésité à faire tirer sur ceux qui donnaient des ordres semblables», avait-elle déclaré devant ses juges, avant d'être condamnée à la déportation.

Dommanget souligne dans le même article que «les femmes de la classe ouvrière et les quelques bourgeoises pénétrées d'idées féministes et socialistes furent, en général, admirables d'ardeur et de dévouement». Certaines d'entre elles se retrouvaient dans le Comité central de l'Union des femmes qui publiait des manifestes et organisait des réunions publiques dans tous les arrondissements parisiens. L'article évoque le rôle de ces femmes qui acclamaient «la république universelle», «La rénovation sociale absolue», «la suppression de tous les privilèges, de toutes les exploitations, la substitution du règne du travail à celui du capital, en un mot l'affranchissement du travail par lui-même».

D'autres articles évoquent l'origine des idées socialistes de la Commune. Paris était aux travailleurs tandis que «les bourgeois embusqués à Versailles s'installaient tranquillement dans la guerre civile», écrit Dommanget. Les méthodes de la Commune montrent comment la tolérance, le respect de la «démocratie» par rapport à Versailles et l'indécision en matière militaire furent très chèrement payés par les Communards. Pendant et après la semaine sanglante, ils subirent une répression féroce, au cours de laquelle au moins 30 000 d'entre eux périrent. Quelques pages sont consacrées aux militants, disciples de Blanqui.

On trouve dans ce recueil une série de portraits de militants confrontés à une situation nouvelle, du fait que la bourgeoisie avait abandonné la place. Parmi eux figure Eugène Pottier, l'auteur de l'Internationale qui, rompant avec son milieu familial dévot et bonapartiste, devint adepte des idées socialistes de Fourier et combattit dans la révolution de 1848. Plus tard, il rallia la Première Internationale et servit la Commune, y compris sur les barricades. Ayant échappé au massacre, il se réfugia à Londres. Et c'est pendant cette période de défaite et de démoralisation des survivants que Pottier écrivit que «L'Internationale sera le genre humain».

D'autres portraits de combattants de la Commune se succèdent, auxquels Dommanget oppose celui du général de Gallifet, qui commanda les massacres des Communards.

Comme le titre du recueil l'indique, il ne s'agit pas là d'une nouvelle histoire des événements de la Commune, mais d'un tableau «des hommes et choses de la Commune» grâce auquel, au fil des 22 articles rassemblés, Maurice Dommanget fait comprendre de façon vivante ce qu'elle fut.

Jean SANDAY

(Hommes et choses de la Commune, de Maurice Dommanget, coédition Ivan Davy et l'Ecole émancipée, 258 pages, 60 francs)

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