Hier défenseur des centrales nucléaires, de l'agriculture dite productiviste, initiateur des derniers essais nucléaires dans le Pacifique, Chirac vient de se découvrir et de se présenter comme le champion de la lutte pour l'écologie par un discours «fondateur» sur le sujet. Reprenant et s'appropriant un à un tous les thèmes habituels des Verts, il réclame maintenant rien de moins qu'une «charte de l'environnement adossée à la Constitution».

Tout cela arrive à moins d'un an de l'élection présidentielle qui est le seul environnement qui l'intéresse vraiment. Cette élection risque de se jouer à quelques centaines de milliers de voix. En l'occurrence, le néophyte écologiste de l'Elysée vise un électorat qui n'est pas spécialement de gauche, en tout cas qui est loin de l'être dans sa totalité.

Les Verts crient au scandale d'un débat politique pollué où l'on vous vole votre programme. Et cela arrive à un moment où ce n'est pas les folles amours au sein du gouvernement entre eux et Jospin. Au moment où celui-ci méprise ce qui tient à coeur aux écologistes, Chirac leur ravit leurs idées.

Voici donc Chirac devenu partisan d'une «économie humaniste». Six ans après avoir tenté de se présenter comme un homme qui sait se pencher sur les malheurs et la misère du peuple avec la «fracture sociale», il refait le coup dans une autre direction.

Il met à profit l'actualité - des inondations à la maladie de la vache folle - qui montre qu'effectivement l'«homme (n')est (pas) au centre de tout projet». Avec Chirac, il n'y a pas de petits déchets électoraux. C'est le recyclage permanent et bien à propos. Mais si cela permet d'être élu, c'est sans doute sa façon d'entendre le «principe de précaution» qu'il vient aussi de reprendre à son compte.