France Télécom : Le troisième millénaire ou le 19e siècle !11/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1713.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom : Le troisième millénaire ou le 19e siècle !

France Télécom sous-traite de plus en plus de services. Il s'agit dans ce cas de la sécurité des ouvriers chargés des réparations sur les poteaux de téléphone.

Ces derniers temps plusieurs accidents graves ont fait des morts et des blessés.

Un ouvrier, qui était depuis trois semaines dans l'entreprise et qui avait eu en tout et pour tout une demi-journée de formation sur la sécurité, a été tué par la chute du poteau sur lequel il avait grimpé et qui s'est brisé. Un autre a été gravement blessé par un câble qui s'est violemment détendu. Un troisième a été tué par le câble qui a été accroché par un véhicule.

Même avec la nacelle, ce travail n'est pas sans danger : un ouvrier est mort électrocuté par une ligne à haute tension, il y a quelques semaines, à Nîmes.

Depuis 1974, les travaux ont été de plus en plus confiés à la sous-traitance. Au début, pour mettre un peu d'ordre, un service vérifiait les travaux des entreprises privées. Cela se faisait plus ou moins bien, mais cela se faisait, il y avait au moins une procédure.

Depuis quelques années, dans ce service de vérification, les effectifs ont été réduits des deux tiers. Les agents qui restent ne font pas que du contrôle, ils assurent d'autres tâches, comme les réparations pour les abonnés en dérangement, ce qui fait que les entreprises sont beaucoup moins contrôlées. Certaines entreprises ne le sont qu'une ou deux fois pas an.

Depuis cinq ans, en raison des accidents graves dus aux poteaux pourris, France Télécom les a fait tester. Sur les poteaux dangereux, qui risquaient de s'écrouler, qui ne tenaient par exemple que par les fils, elle a fait mettre une étiquette qui signifie : «Danger, ascension interdite».

En 1999, la direction du marché-gare, à Montpellier, a décidé de faire contrôler les poteaux par une entreprise privée. Les premiers contrôles ont été corrects. Mais cela n'a pas duré : il fallait aller vite.

Le remplacement des poteaux défectueux a été confié à une entreprise, soi-disant classée parmi les meilleures. Le résultat a été catastrophique. En effet certains nouveaux poteaux n'étaient pas plantés à la profondeur réglementaire, plusieurs n'étaient pas droits, d'autres avaient des boulons qui dépassaient de plusieurs centimètres, de sorte que monter aux poteaux dans ces conditions était très dangereux.

L'entreprise, sommée de reprendre l'ensemble des travaux, a déclaré que la tâche lui était impossible. Les délais réglementaires d'un mois pour reprendre l'ensemble des travaux ont été prolongés d'un mois de plus ; puis de deux mois supplémentaires, pour finalement atteindre six mois sans succès. Finalement, la direction de France Télécom a été obligée de sanctionner l'entreprise, qui devait à ses frais faire reprendre les travaux par une autre.

Il est arrivé que l'entreprise qui a refait ces travaux soit en fait une filiale du même trust que la première : ce qui sortait d'une poche y était remis aussitôt.

Si France Télécom est capable de mettre des milliards en Bourse pour «la communication du troisième millénaire», elle n'en est encore qu'au 19ème siècle quand il s'agit de la sécurité de ses ouvriers ou des ouvriers travaillant en sous-traitance.

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