Collège Jean-Vilar (La Courneuve- 93) : - En lutte pour une véritable éducation pour tous les élèves11/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1713.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Collège Jean-Vilar (La Courneuve- 93) : - En lutte pour une véritable éducation pour tous les élèves

En réponse à une série de témoignages faisant état des difficultés de travail au collège pour les élèves et le personnel, Jack Lang, le ministre de l'Education nationale, a assuré le personnel de toute sa solidarité. Dans le même courrier, il a tenu à nous féliciter pour notre travail et notre dévouement, et que, conscient des difficultés et des problèmes que nous rencontrons, il prenait les choses «très sérieusement». C'est ce qu'on a appelé, en salle des profs, la Lang de Blois...

Notre établissement, classé en zone d'éducation prioritaire, accueille 650 élèves, dont 75 % d'enfants d'ouvriers, employés et chômeurs. La situation des familles - en majorité vivant dans la cité des 4 000 de La Courneuve - se dégradant et les moyens accordés au collège n'étant pas à la hauteur des énormes besoins, les problèmes scolaires des élèves, comportement, difficultés d'apprentissage, motivation, ne cessent de s'aggraver et les conditions de vie des élèves et des personnels vont en se dégradant. Les personnels ne sont pas toujours remplacés, des dégradations dans l'établissement, des incidents violents aux abords du collège comme à l'intérieur se multiplient. Un signe : la moitié des enseignants ont demandé leur mutation pour l'année prochaine, ce qui ne va pas réduire les problèmes. Et ce n'est pas la toute dernière annonce du ministre de désigner l'établissement PEP4 (poste à exigences particulières) qui va modifier la donne. Sous prétexte de consolider les équipes dans les établissements difficiles - une centaine dans la région parisienne - une bonification en points pour... quitter l'établissement est proposée aux enseignants, à condition de rester au moins quatre ou cinq ans ! Et cela pour, paraît-il, stabiliser le corps enseignant ! Cela ne va rien changer, si ce n'est inciter les anciens à partir plus vite, mais cette mesure a un gros avantage pour le ministre : elle ne coûte rien. Par contre, se donner les moyens pour assurer une réelle éducation pour tous les élèves, cela coûterait nettement plus cher. L'Inspection académique considère même qu'il faut nous retirer des moyens, nous serions trop bien lotis !

Qu'on en juge : cette année, le nombre d'élèves par classe est d'environ 22 élèves et quelques projets - bien modestes mais ayant apporté un léger bénéfice - ont été mis en place dans certaines classes (sport, renforcement de l'horaire en français et en langues). Mais c'est encore trop. L'an prochain, deux classes devraient être supprimées, ce qui va augmenter le nombre d'élèves pas classe et les moyens utilisés jusqu'alors dans la mise en place d'actions en faveur des élèves devraient être - sur ordre de l'Inspection académique - utilisés autrement. La seule solution que l'on nous propose pour régler les problèmes de violence est un partenariat avec la police !

Nous avons été reçus lundi 30 avril à l'Inspection académique où, après avoir tenté de nous noyer sous les statistiques, on nous a simplement dit : «C'est comme ça». Eh bien, nous ne sommes pas d'accord. Nous n'acceptons pas cette réponse, et nous avons fait grève les 3 et 4 mai pour demander de véritables moyens d'éduquer nos élèves. Les trois quarts du personnel enseignant étaient en grève ces jours-là. Nous avons contacté les parents d'élèves de notre établissement et les autres collègues des collèges et lycée de La Courneuve. Au collège Jean-Vilar, les enseignants ne comptent pas s'arrêter là. Avec le personnel ATOSS, les surveillants et les emplois-jeunes, nous avons décidé de reconduire la grève à partir du jeudi 10 mai.

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