États-Unis - Croissance, ralentissement ou récession : C’est toujours aux travailleurs qu’ils présentent la note11/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1713.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis - Croissance, ralentissement ou récession : C’est toujours aux travailleurs qu’ils présentent la note

Selon les statistiques officielles américaines, 223 000 emplois auraient disparu aux Etats-Unis en avril, faisant passer le taux de chômage de 4,3 à 4,5 % de la population active. Même si ces chiffres ne signifient pas grand-chose, puisque de nombreux chômeurs sont exclus des statistiques, ils indiquent néanmoins qu'il y aurait au moins 6,4 millions de chômeurs dans le pays. Et comme le nombre de demandes hebdomadaires d'allocation chômage atteint son plus haut niveau depuis cinq ans, tout indique une hausse du chômage.

Un financier cité par le journal Les Echos estimait que «les chiffres du chômage, même s'ils sont inquiétants, prouvent que les entreprises américaines ont réagi avec célérité au ralentissement économique en licenciant sur-le-champ afin de sauvegarder l'essentiel de leur marge, ce qui n'est pas fondamentalement une mauvaise nouvelle pour les Bourses». Le cynisme d'une telle déclaration est à l'image de la politique des grands groupes capitalistes, qui se sont donné par avance les moyens de faire payer la note aux travailleurs. General Motors, Chrysler ou Whirlpool ont ainsi annoncé des plans de licenciements depuis la fin de l'année dernière. Le secteur manufacturier a perdu en moyenne 93 000 emplois par mois de janvier à avril. Le bâtiment n'est pas épargné.

Or, contrairement à ce qui s'était passé ces dernières années, la création d'emplois dans les services - surtout des petits boulots précaires et mal payés - ne vient plus compenser les pertes d'emplois dans l'industrie. C'est ainsi qu'en avril 108 000 emplois à temps partiel ont disparu.

Le gouvernement Bush, pour sa part, se préoccupe bien plus d'utiliser les ressources de l'Etat pour protéger les bénéfices des grandes entreprises et les revenus de la bourgeoisie que pour enrayer la hausse du chômage. La baisse des taux d'intérêt, destinée à diminuer le coût du crédit pour les entreprises, comme celle des impôts, dont 43 % profiteront au 1 % les plus fortunés de la population, n'ont pas d'autre but. En revanche, le quart des familles les plus pauvres qui, elles, ne bénéficieront d'aucun allégement fiscal, seront les premières à souffrir de la réduction des dépenses sociales promise par le candidat Bush. Cette politique se traduira donc, quoi qu'il arrive, par une nouvelle détérioration du niveau de vie des plus pauvres et de la population laborieuse en général, et pourrait du même coup entraîner une baisse de la consommation suffisante pour entraîner bien d'autres mesures de licenciement.

Selon les experts, le ralentissement de cette économie américaine, dont on nous disait il n'y a pas si longtemps qu'elle était engagée dans une croissance «sans précédent», se trouverait donc confirmé. Au point d'ailleurs que ceux-là mêmes qui parlaient hier de croissance illimitée aux USA en sont souvent aujourd'hui à parler de récession, alors qu'ils ne sont pas plus capables aujourd'hui qu'hier de faire la moindre prévision concernant l'économie capitaliste, tant celle-ci est anarchique.

Ce qui est sûr, c'est qu'hier déjà la croissance de l'économie américaine avait été nourrie pour une bonne part par l'aggravation de l'exploitation de la classe ouvrière. Et aujourd'hui, avant même que les profits capitalistes aient souffert réellement, c'est à la population laborieuse que la bourgeoisie américaine et son Etat présentent par avance la note, tout comme c'est d'ailleurs le cas en France, avec les annonces de suppressions d'emplois en série de ces derniers mois.

Alors, quoi qu'il arrive, croissance, récession ou ralentissement, le vrai problème c'est le sytème capitaliste lui-même et son anarchie criminelle - un système à abattre.

Partager