Petit commerce à Moscou : la mairie fait le ménage23/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2486.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Petit commerce à Moscou : la mairie fait le ménage

Cet hiver, les Moscovites ont eu la surprise de voir surgir aux stations de métro d’immenses tas de gravats sur lesquels s’activaient des engins de chantier.

Le maire de la capitale, Sobianine, a décidé de nettoyer les abords du métro des magasins qui y pullulent depuis la fin de l’URSS, ayant découvert qu’ils occupaient l’espace public de façon indue. Mais pas sans titre car, dès sa décision annoncée, les propriétaires de ces boutiques ont exhibé des documents censés établir leurs droits. Ils n’ont aucune valeur, a rétorqué la mairie.

Les autorités sont bien placées pour savoir qu’en Russie les titres de propriété ne valent que ce que vaut leur « toit », leur protection politico-mafieuse. Ce ne sont pas les notaires, mais les détenteurs du pouvoir qui déterminent qui possède quoi. Et contre rémunération, cela va de soi dans un pays où la corruption a explosé depuis la fin de l’URSS.

Ainsi, Loujkov, maire de Moscou jusqu’en 2010, avait donné son feu vert rémunéré à ces boutiques. Pour que ses protégés édifient leurs locaux, les adressait-il aux sociétés de BTP de Batourina, son épouse, devenue la femme la plus riche du pays ? En tout cas, un magasin bien situé pouvait rapporter 200 000 dollars par mois. Verser un gros pot-de-vin relevait donc du placement judicieux.

Maintenant, le maire prétend, à l’instar de Poutine, vouloir mettre un terme au règne des lois non écrites. Quelle blague ! La corruption a pris une ampleur dont n’auraient pas osé rêver tous les requins réunis de la bureaucratie, de la petite bourgeoisie et du milieu quand, dans les années 1990, ils se jetaient sur tout ce qu’ils pouvaient voler parmi les ruines de l’URSS.

Depuis, des fortunes se sont édifiées, d’autres se sont effondrées. Mais les occasions de s’enrichir se font plus difficiles. La manne pétrolière s’est réduite pour les nantis qui y ont accès. Quant aux immenses centres commerciaux de Moscou, dans lesquels les hommes au pouvoir ont des intérêts, ils ne rapportent plus autant, vu la fonte du pouvoir d’achat de la population.

En rasant une partie du petit commerce, la mairie veut forcer les exploitants de petites structures à rejoindre, avec leurs clients, les grandes galeries commerciales. Loujkov se vantait de favoriser le petit commerce. Sobianine a lui aussi ses bonnes œuvres, mais du côté du grand commerce. La période a changé, pas les pratiques de gangsters de la bureaucratie.

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