Leclerc : un soutien hypocrite24/02/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/02/2482.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Leclerc : un soutien hypocrite

Les dirigeants de Leclerc ont affiché par voie de presse leur solidarité avec les agriculteurs en colère. Avec de tels soutiens, les dizaines de milliers d’agriculteurs qui luttent pour leur survie sont assurés d’aller à la ruine. Ceux qui les poussent à la faillite sont bien les propriétaires des grandes chaînes de la distribution alimentaire et tous ceux, industriels transformateurs et banquiers, qui assèchent leur trésorerie et qui s’assurent des fortunes toujours en hausse. C’est cela qui ne peut plus durer.

Aujourd’hui, en France, près de 200 000 éleveurs font face à une centaine d’entreprises d’abattage, de transformation de viande ou de lait et quatre centrales d’achat de la grande distribution. Ces centrales étaient encore six il y a un an et demi. Un mouvement de concentration et de centralisation des achats s’est opéré, pour permettre aux chaînes d’hypermarchés de peser encore plus sur les prix.

Des dizaines de milliers de petits fournisseurs, en particulier dans la viande, le lait ou les fruits et légumes, doivent vendre leur production à maturité sous peine de tout perdre. Avec eux, les centrales ne négocient pas, elles imposent leur loi avec un atout de poids : à elles seules, ces quatre centrales (Carrefour-Cora, Intermarché-Casino, Auchan-Système U et Leclerc) représentent près de 93 % de la distribution des produits de grande consommation. Comment résister alors face à un tel marteau-pilon ?

Les coopératives de la viande et du lait sont devenues en fait de grands groupes industriels qui achètent au prix du marché. Ils transforment eux-mêmes industriellement les productions puis les revendent, y compris sur les marchés internationaux, en accaparant une partie des marges grâce aux volumes négociés.

C’est dire que les producteurs qui expriment leur colère, en bloquant des routes ou en déversant du fumier sur les parkings des hypermarchés ou des bases logistiques des centrales d’achat, n’ont pas seulement en face d’eux les Leclerc, Intermarché et autres rapaces de la grande distribution. Ils n’ont pas seulement à combattre les Danone, Besnier ou Bigard, qui vend deux barquettes de viande sur trois en hyper. Ils ont aussi en face d’eux d’immenses coopératives qui peuvent se permettre, comme la Cooperl en juillet 2015, de refuser d’acheter la viande de porc à 1,40 euro le kilo. C’est pourtant ce que demandaient les producteurs bretons et c’était le prix fixé dans un accord validé hypocritement par le gouvernement.

Alors, la solidarité des Leclerc et autres transformateurs ou distributeurs, les éleveurs peuvent la mettre au lisier…

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