Boulogne-sur-Mer : le tribunal contre les réfugiés24/02/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/02/2482.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Boulogne-sur-Mer : le tribunal contre les réfugiés

Les associations qui aident les migrants avaient appelé à venir soutenir les huit prévenus qui comparaissaient le 22 février pour intrusion frauduleuse sur un ferry. C’est sous les applaudissements que les six exilés menottés et les deux bénévoles français sont entrés dans la salle. Ils faisaient partie des 26 personnes interpellées le 23 janvier dernier à Calais.

Plusieurs centaines de manifestants avaient ce jour-là quitté le cortège principal de la manifestation de soutien aux réfugiés pour se diriger vers le port. Ils étaient montés sur un bateau de la compagnie P&O pour exprimer leur volonté d’émigrer en Grande-Bretagne.

L’audience de trois heures a été houleuse. Le procureur a accusé les réfugiés d’avoir participé à un coup monté pour envahir un ferry et contraindre la compagnie P&O à les faire passer en Angleterre. Il a accusé les bénévoles d’avoir incité les migrants à monter sur le bateau et de les avoir empêchés d’en redescendre. Il leur a reproché aussi leur sympathie pour les idées du mouvement No Border. Ce mouvement demande l’abolition des frontières et des nations, et a contribué concrètement, depuis des années, à soutenir des réfugiés de Calais.

Les allégations du procureur ont suscité l’indignation de la salle, menacée plusieurs fois d’évacuation. La défense a fait valoir le fait que ces réfugiés fuyaient leur pays en guerre pour rejoindre leurs proches en Angleterre, et a demandé la relaxe. La société d’exploitation du port et la P&O réclamaient des sommes importantes pour les prétendues pertes financières subies. L’avocate a ironisé en faisant remarquer que la compagnie s’était moins souciée de son image de marque lors des licenciements passés.

Par ailleurs, elle a fait remarquer que c’était mépriser les migrants que de croire qu’ils suivaient puérilement les injonctions de militants. Quant aux bénévoles, elle a affirmé que défendre des idées n’était pas un délit.

Contradictions dans les procès-verbaux, manque de preuves, le dossier de l’accusation était vide. Mais les réfugiés ont été condamnés à un mois de prison ferme, quasiment accompli en détention provisoire, et les deux bénévoles français à une amende. C’est sous les slogans « De l’air, ouvrez les frontières » que le fourgon de police est sorti du tribunal pour les ramener en prison.

Partager