Airbus-Nantes : poursuite des débrayages24/02/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/02/Airbus_Nantes_c_LO.JPG.420x236_q85_box-0%2C233%2C384%2C449_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus-Nantes : poursuite des débrayages

Commencés le 2 février dans les usines de Nantes et Saint-Nazaire, à l’appel de la CGT, les débrayages continuent à l’usine de Nantes. Plusieurs centaines de travailleurs refusent le pointage en bleu de travail que veut leur imposer la direction générale d’Airbus France. Les sites de Toulouse, Nantes et Saint-Nazaire sont concernés.

Illustration - poursuite des débrayages

À Nantes, les débrayages s’organisent au rythme de deux heures, le mardi et le jeudi, par équipe et par semaine. La deuxième semaine, la CFDT s’est jointe au mouvement, ce qui a grossi le nombre de grévistes et de participants, qui est alors monté le mardi 16 jusqu’à 450 sur un effectif de 1 200 salariés en production. Ils étaient même encore un peu plus nombreux lundi 22, lors d’un rassemblement entre 11 h et 15 h devant l’usine. Au même moment, à Saint-Nazaire, 200 salariés débrayaient aussi.

Ce projet de faire travailler 20 minutes de plus par jour passe d’autant plus mal que les carnets de commandes sont pleins, jusqu’à dix ans de travail, et que les profits affichés explosent.

Mais la direction continue de justifier cette augmentation de 20 minutes par jour du temps de travail par la nécessité d’améliorer la productivité pour faire face à la montée en cadence de la production d’appareils. En 2015, Airbus a livré 635 avions et devra en livrer 650 en 2016, sans véritables investissements matériels et surtout humains. Les rares embauches en CDI ne compensent pas les départs en retraite. La sous-traitance, les emplois intérimaires fleurissent. On compte 340 intérimaires rien que sur le site de Nantes. Mais cela ne suffit pas à la direction, qui s’attaque maintenant au temps de travail des salariés Airbus embauchés à la production. Elle prétexte pour cela le fait que, dans de nombreuses entreprises, le temps d’habillage et de déshabillage n’est pas comptabilisé et qu’il sera compensé à raison de 60 euros brut en moyenne par mois et trois jours de congé par an.

Cette propagande patronale est reprise aussi par le syndicat FO, majoritaire dans l’usine, qui est opposé aux débrayages et martèle : « Ne coupons pas l’arbre qui nous nourrit tous les jours. » Et même, plus choquant encore : « Cette grève est une grève de riches », propos repris dans la presse locale. Cela n’empêche pas des syndiqués FO de se joindre aux débrayages, en manifestant leur désaccord avec la position de leurs dirigeants.

Pendant le débrayage du lundi 22 se tenait une réunion du comité hygiène et sécurité (CHSCT), avant celle du comité d’entreprise qui se tiendra mercredi pour valider ou non le projet.

Le CHSCT de lundi a fait flop, dans la mesure où les syndicats CGC et CFTC se sont abstenus, FO, pourtant clairement pour le projet, n’a pas participé au vote, et la CGT et la CFDT ont voté contre.

Dans la semaine, la direction d’Airbus France a déjà confirmé sa volonté de mettre en place le badgeage en bleu en avril prochain.

En attendant, les débrayages se poursuivent et les discussions vont bon train, y compris pour dire qu’à l’heure où le gouvernement, main dans la main avec le Medef, prépare une liquidation des 35 heures et une aggravation généralisée des conditions de travail, les salariés d’Airbus montrent par leur refus de travailler plus qu’il est possible de résister au diktat des patrons.

Partager