Calais : l’État pourchasse les migrants24/02/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/02/2482.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Calais : l’État pourchasse les migrants

La préfète du Pas-de-Calais avait décidé l’évacuation au plus tard mardi 23 février à 20 heures de la zone sud du bidonville de Calais, la « jungle ». Pour s’opposer à ce qui aggraverait encore le sort des réfugiés, les organisations d’aide aux migrants ont saisi le tribunal administratif de Lille et la juge a reporté sa décision de 24 à 48 heures.

Face à l’urgence, un nouvel appel a été signé par 250 associations et personnalités, non pour sauver le bidonville en laissant croire que c’était une solution, mais pour dénoncer l’impasse de la politique des gouvernements.

Pour le ministre de l’Intérieur, qui a répondu par une fin de non-recevoir à la lettre ouverte qui lui a été adressée, « il s’agit d’une opération humanitaire où nous proposons des solutions à tous ». C’est ce que contestent les associations. Les solutions proposées n’en sont pas. D’abord, les associations affirment que le nombre d’habitants de cette zone est de plus de 3 000, et non de 1 000 comme le prétend le gouvernement.

Ensuite, les places proposées au sein du camp d’accueil provisoire sont en nombre limité. Et beaucoup de réfugiés ont pour l’instant refusé d’y loger, car ces conteneurs, que le ministre présente presque comme des bungalows de vacances, ne sont que des cabanes de chantier, inconfortables, où toute intimité est impossible et, de surcroît, surveillés comme des prisons.

Quant aux centres d’accueil et d’orientation, le ministre oublie de préciser qu’ils ont été conçus comme des solutions provisoires, permettant aux migrants de déposer une demande d’asile qui, pour le plus grand nombre, n’est pas acceptée. Ce que veulent les migrants, c’est rejoindre leur famille et leurs amis en Angleterre.

Les associations ont donné une conférence de presse pour alerter l’opinion publique sur l’indignité d’une telle mesure d’évacuation. Elles se sont heurtées à la réaction unanime des politiciens locaux : Yann Capet, député PS, la maire LR de Calais, Natacha Bouchart, le président PS du département, Michel Dagbert, et le président LR de région, Xavier Bertrand, ont fait chorus derrière la préfète.

Ces associations ont raison d’accuser les pouvoirs publics d’être responsables de cette situation ingérable. « L’État, disent-elles, veut nous faire croire qu’il prend le parti des habitants contre les réfugiés ; en réalité, il monte les premiers contre les seconds en abandonnant les uns et les autres. »

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