Portugal : un gouvernement « antiaustérité »… pour combien de temps ?24/02/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/02/2482.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : un gouvernement « antiaustérité »… pour combien de temps ?

Depuis son accession au poste de Premier ministre le 26 novembre 2015, le socialiste Antonio Costa répète qu’il va restaurer le pouvoir d’achat des salaires et des retraites et rompre avec les politiques d’austérité menées en 2010 par son prédécesseur socialiste, José Socrates, puis poursuivies et aggravées par la droite.

Ainsi le salaire minimum a augmenté au 1er janvier. Il est passé de 505 à 530 euros payés sur 14 mois, l’objectif étant 600 euros en 2019 – pas de quoi ruiner les industriels. De plus, un impôt exceptionnel de 3,5 % cessera de frapper les salaires de moins de 600 euros, que touchent plus d’un quart des salariés portugais. Quant aux pensions de retraite, elles ne sont plus bloquées. Elles augmentent même légèrement cette année : de 2 euros environ par mois. La dépense totale, pour 2,2 millions de retraités, serait de 80 millions. Les aides aux retraités et familles dans la misère augmentent aussi un peu, dépense estimée à 90 millions dans le budget de l’État.

Par ailleurs, les projets de privatisation non encore réalisés sont annulés. La vente des transports publics de Lisbonne et de Porto, déjà concédés à des groupes espagnols et français, a même été annulée et Costa annonce que l’État récupérera la majorité des actions de la société aérienne TAP.

Toutes ces mesures, bien modestes et qui n’ont rien de révolutionnaire, rappellent celles qui ont été prises dans les premiers temps du gouvernement Tsipras en Grèce. Mais on a vu par la suite comment celui-ci, soumis aux pressions des dirigeants de l’Union européenne et du FMI, a finalement capitulé devant leurs exigences.

Tout comme son homologue grec, Costa cherche à rassurer les dirigeants de l’Europe et à les convaincre de le laisser mener sa politique. Ainsi, il se dit partisan d’une gestion rigoureuse, qui satisfasse les autorités de l’Union européenne. Quand celles-ci ont refusé un déficit budgétaire de 2,8 % pour 2016, Costa a revu son budget et a proposé un déficit de 2,6 %, inférieur à celui de la plupart des grandes puissances européennes.

Costa veut éviter les affrontements et tranquilliser ses partenaires européens. Mais il n’est pas dit qu’il y parvienne davantage que Tsipras. Les créanciers du Portugal se sont dits préoccupés par ce qu’ils dénoncent comme un tournant à gauche. Les taux d’emprunt ont augmenté dernièrement, faisant craindre une spéculation sur la dette portugaise.

Pas plus qu’en Grèce, les travailleurs et les couches populaires du Portugal n’ont intérêt à mettre leur confiance dans un gouvernement qui se prétend antiaustérité… tant que les financiers et leurs représentants l’y autorisent.

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