Polynésie : des mots mais pas d’indemnisations24/02/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/02/dessin_p5_1.jpg.420x236_q85_box-0%2C83%2C470%2C348_crop_detail.jpg

Leur société

Polynésie : des mots mais pas d’indemnisations

Lors de son étape en Polynésie, Hollande a été interpellé sur les ravages causés par les retombées radioactives des essais nucléaires français dans le Pacifique. En quelques semaines, les deux associations 193 et Moruroa et Tatou ont rassemblé 33 000 signatures dans une pétition. Loin des images de danse et autres cérémonies folkloriques relayées par la télévision, elles ont organisé des rassemblements sur chaque lieu de passage du président français.

Illustration - des mots mais pas d’indemnisations

« La France doit assumer les conséquences des essais nucléaires », a déclaré Hollande à son arrivée. Mais les habitants ont toutes les raisons de rester sur leurs gardes. Entre 1966 et 1996, quand l’armée française a effectué 193 tirs sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, il n’était pas question des retombées sur la santé, que ce soit celle du personnel civil et militaire qui participait aux essais ou celle de la population polynésienne. La loi du silence a été presque totale jusqu’en 1986, car les hôpitaux locaux étaient sous l’emprise directe de l’armée et les rapports qui constataient les dégâts furent envoyés directement aux archives. Il y eut quand même quelques témoignages indépendants faisant état de malformations chez les nouveau-nés et d’une mortalité infantile anormalement élevée.

Aujourd’hui, il est devenu impossible aux autorités de nier. Tandis que l’atoll de Mururoa, défoncé par les explosions, risque d’être englouti, des retombées radioactives n’en finissent pas d’être détectées. La présence de plutonium a été révélée dans les sols de Hao, un atoll à 950 km de Tahiti, où vivent un millier de personnes. Sur une population de 260 000 habitants en Polynésie, 540 cas de nouveaux cancers apparaissent chaque année.

Mais ce n’est pas pour autant que l’État leur verse des indemnités, malgré une loi, votée en 2010, qui les prévoit… en théorie. Alors que les parlementaires estimaient à 20 000 le nombre de dossier susceptibles d’être déposés, il s’est limité à un millier, car il faut réunir des papiers difficiles, voire impossibles à obtenir. Au final, seuls une vingtaine de dossiers ont été acceptés, soit 2 %, avec des indemnisations d’autant plus faibles que la Sécurité sociale effectue un prélèvement « pour remboursement » ! Les associations demandent une modification de la loi, avec notamment le retrait de la notion de risques négligeables qui sert de prétexte pour refuser les indemnisations.

En 2012, le candidat Hollande avait fait des promesses, restées sans suite. Il vient de les renouveler. Reste le plus difficile à obtenir : que les indemnisations soient effectives.

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