Égypte : Après l'attaque de l'ambassade d'Israël, les militaires renforcent l'état d'urgence14/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2250.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Égypte : Après l'attaque de l'ambassade d'Israël, les militaires renforcent l'état d'urgence

Le vendredi 9 septembre dans la soirée, plusieurs centaines de jeunes manifestants s'en sont pris à l'ambassade israélienne du Caire, installée dans un building du quartier de Gizeh.

Les images de la destruction du mur extérieur, récemment érigé à la hâte dans l'intention affirmée de protéger l'immeuble et la délégation, ont été largement diffusées. Les affrontements avec la police ont été à l'origine de la mort de trois manifestants, plusieurs centaines d'autres ayant été blessés, l'un d'eux étant décédé d'une crise cardiaque.

Parmi les motifs des manifestants figurait la protestation contre le silence du gouvernement après les tirs mortels subis, à la mi-août, par cinq gardes-frontière égyptiens dans la région d'Eilat, près de la frontière avec Israël. Le décès d'un sixième policier venait d'être annoncé.

La journée avait connu un nouveau rassemblement sur la place Tahrir du Caire. Sous le nom de « Corriger la trajectoire », des mouvements de jeunes, comme celui du « 6 Avril », appelaient à protester pour tenter, à nouveau, d'obtenir de la part du Conseil suprême des engagements précis sur les droits démocratiques et, notamment, la fin des procès militaires intentés contre les 14 000 manifestants arrêtés en quelques mois.

Mais les tribunaux militaires, qui devaient selon les promesses des généraux abandonner leurs prérogatives « dès la fin de l'état d'urgence », ont vu celles-ci renouvelées pour une durée indéterminée. Le gouvernement provisoire et le Conseil suprême ont en effet profité des affrontements devant l'ambassade israélienne pour annoncer sa prolongation et son renforcement.

Au-delà en effet des symboliques rassemblements de la place Tahrir, appelés par les réseaux et les regroupements politiques apparus après le départ de Moubarak, les grèves, les manifestations et sit-in de travailleurs n'ont pas cessé à travers le pays. Les mobilisations se succèdent dans les universités, parfois en commun avec les employés, chez les médecins hospitaliers pour les salaires, chez les ingénieurs pour la reconnaissance de leur syndicat, chez les enseignants des écoles primaires révoltés par les bas salaires, l'absence de formation et la précarité qui se perpétue. Elles s'enchaînent avec celles des paysans avec ou sans terre, des employés de la poste, des Waqfs (les biens religieux), du métro du Caire, du Conseil d'État... Et, dans tout le pays, la presse égyptienne relate des grèves ou rassemblements pour l'augmentation des salaires, comme chez les éboueurs d'Assouan qui ont occupé la voie de chemin de fer, les ouvriers du textile dont les salaires ne dépassent pas les 500 livres égyptiennes (61 euros) et qui craignent pour leurs emplois. Sans parler des habitants nubiens chassés par la construction du barrage d'Assouan et qui, sur les rives du lac Nasser, attendent toujours depuis le relogement promis...

Le nouveau coup de menton des généraux, qui ont déjà rappelé que les lois d'urgence peuvent être appliquées aux travailleurs en grève, ne suffira vraisemblablement pas à faire taire les espoirs et les exigences criantes qui s'expriment depuis des mois dans la population.

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