Montupet-Fonderie du Poitou Alu-Ingrandes (Vienne) : Les grévistes tiennent bon14/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2250.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Montupet-Fonderie du Poitou Alu-Ingrandes (Vienne) : Les grévistes tiennent bon

Depuis le 2 septembre, les travailleurs de la Fonderie Alu sont en grève totale contre le plan, dit de compétitivité, que Montupet tente de leur imposer.

L'attaque des patrons n'est pas mince : elle prévoit une diminution de 25 % des salaires, sous la forme d'une baisse de 15 % du salaire de base, et d'un passage non compensé du temps de travail hebdomadaire de 38 h 30 à 35 heures. Si ce plan s'imposait, il signifierait un retour au smic pour des ouvriers ayant parfois trente ans d'ancienneté, bien souvent usés avant l'âge par les épuisantes conditions du travail de fonderie. Alors c'est non. Et loin de faiblir, la détermination des grévistes n'a fait que se renforcer au fil des jours et des actions menées en commun.

Les travailleurs des Fonderies savent qu'ils sont engagés dans un bras de fer difficile, contre leur patron bien sûr, mais plus largement contre un patronat qui ne manquerait pas d'emboîter le pas à Montupet si ce dernier parvenait à imposer son plan inique. Mais ils savent aussi que, largement, bien au-delà de la région, nombreux sont les travailleurs qui ressentent de la sympathie pour leur lutte, qui la suivent avec l'espoir que peut-être, enfin, la classe ouvrière commence à rendre les coups trop longtemps reçus sans pouvoir riposter.

Parmi les multiples actions entreprises en une semaine -- visite d'entreprises, distribution de tracts, manifestations --, l'épisode qui a le plus marqué les esprits est sans conteste la visite rendue jeudi 8 septembre aux travailleurs de la fonderie Montupet de Châteauroux. Ce jour-là, 250 grévistes ont fait le déplacement en car à Châteauroux, où ils ont été rejoints par des délégations de syndicalistes de plusieurs usines Renault (Flins, Cléon, Le Mans etc.) et par des délégations d'entreprises castelroussines. Ils ont pu vérifier qu'avec de la détermination et de l'organisation, même les plus récalcitrantes des grilles finissent par céder le passage. Pénétrant dans les ateliers, ils ont pu discuter directement avec les travailleurs. Fiches de paye en main, ils ont pu comparer les salaires, et défendre l'idée que c'est bien plutôt une hausse générale des salaires qu'il faudrait imposer, à commencer par ceux de Châteauroux, sensiblement inférieurs.

Outre la question des salaires, l'état lamentable des ateliers de Châteauroux, les conditions de travail visiblement pires qu'à Châtellerault ont conforté les grévistes dans l'idée qu'il ne faut pas céder, qu'ils doivent les quelques avantages dont ils bénéficient à Châtellerault à leurs luttes passées, et que la lutte seule leur permettra de les sauvegarder.

Mardi 13 septembre, une manifestation dans les rues de Châtellerault a réuni près d'un millier de personnes. À l'appel de l'intersyndicale de la fonderie Alu, renforcée par l'union locale CGT, des débrayages avaient été organisés dans un certain nombre d'entreprises, dont des délégations vinrent renforcer le cortège des grévistes de la fonderie. Les plus nombreux étaient sans doute ceux de la Snecma, mais on notait aussi la présence de travailleurs du Comptoir de la confiserie, de Fenwick, des territoriaux, de l'hôpital, ou encore de la Fonderie du Poitou Fonte ou d'Aigle, qui racontaient comment la visite en masse des grévistes de FDPA dans les ateliers de leur entreprise avait suscité beaucoup de réactions de sympathie. L'après-midi, une petite visite a eu lieu au Medef-Vienne, où les patrons de l'UIMM ont reçu les élus du Comité d'entreprise de la fonderie ainsi que des représentants des unions départementales. Pas invités, les grévistes ont tout de même voulu faire un tour dans les jardins patronaux, bien mal gardés par des grilles qui ont très vite cédé.

Le prochain objectif hors localité est la « montée » en cars jeudi 15 septembre vers les sièges de Montupet à Clichy-la-Garenne et de Renault à Boulogne-Billancourt.

Renault partage en effet avec Montupet la responsabilité des attaques dont sont aujourd'hui menacés les travailleurs de la Fonderie du Poitou Alu. D'une part, cette dernière était filiale à 100 % de Renault jusqu'en 1999, avant de passer sous la coupe de quatre repreneurs successifs, qui tous s'employèrent à réduire les coûts de production en aggravant l'exploitation. D'autre part, 85 % des culasses produites par FDPA continuent à l'être pour Renault, les 15 % restants l'étant pour PSA.

L'idée « d'impliquer » Renault, de le tenir pour responsable en chef de la situation, voire de revendiquer la réintégration dans le groupe Renault s'est vite imposée : « Que Renault et Montupet se débrouillent, mais nous ne voulons sacrifier ni nos salaires, ni nos emplois. »

Perdre près d'un quart de salaires déjà insuffisants, c'est révoltant et inacceptable : la direction locale de la fonderie, qui a proposé aux syndicats une rencontre vendredi 16 septembre après un premier contact quelque peu agité avec l'ensemble des grévistes lundi 12, aura intérêt à ne pas l'oublier.

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