Les vaccins contre la grippe A incinérés : Comment faire des injections de... profits14/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2250.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les vaccins contre la grippe A incinérés : Comment faire des injections de... profits

Neuf millions de doses de vaccins contre la grippe A, arrivés à leur date de péremption, vont être incinérés d'ici le 30 novembre, a annoncé le ministère de la Santé. En 2010, dix millions de doses périmées avaient déjà été détruites. C'est la dernière étape de la calamiteuse campagne de vaccination contre l'épidémie de grippe A en 2009.

À l'époque la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, avait annoncé, face à une épidémie que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) annonçait gravissime, que le gouvernement se donnerait les moyens de vacciner toute la population. Les experts préconisant deux doses par personne, 94 millions de doses avaient été commandées aux laboratoires Sanofi-Pasteur, Novartis et GlaxoSmithKline, qui comptent parmi les plus gros trusts pharmaceutiques. La note s'élevait à 869 millions d'euros, puisque, comme le reconnaît aujourd'hui Nora Berra, l'actuelle secrétaire d'État à la Santé, « en 2009 c'était clairement l'industrie qui tirait les prix vers le haut en disant à chaque État : achetez à ce prix et dépêchez-vous car il n'y aura pas forcément de vaccins pour tout le monde ». Alors on a acheté... et le contribuable a payé le prix fort.

Finalement, l'épidémie de grippe A se révélant moins grave que prévue, six millions de personnes seulement se sont fait vacciner et le gouvernement s'est retrouvé avec des stocks énormes. Bien que Bachelot ait annulé une partie de la commande (50 millions de doses), il lui restait sur les bras près de 38 millions de doses. Pour s'en débarrasser, elle en donna 16 millions à l'OMS, 2 millions aux ambassades françaises, et essaya de vendre le reste à l'étranger. Finalement, seul le Qatar acheta 300 000 doses et Monaco 10 000. Des pays qui s'étaient dits intéressés, comme l'Égypte, achetèrent finalement ailleurs, d'autres pays européens ayant « cassé » les prix. Il ne restait plus alors qu'à détruire les stocks restants...

Un énorme gâchis ? Pas pour tout le monde en tout cas car, au total, toute l'histoire aura coûté près de 450 millions, d'euros qui ont filé directement dans les caisses des laboratoires pharmaceutiques (392 millions d'euros pour l'achat de 44 millions de doses, et 48,5 millions d'indemnités pour les commandes annulées). Des sommes non négligeables qui ont augmenté d'autant les profits des trusts pharmaceutiques et... le déficit de la Sécurité sociale.

Lorsque le gouvernement en 2008 a débloqué des dizaines de milliards pour les banquiers ou les trusts de l'automobile, c'était sous le prétexte de sauver le système bancaire ou l'industrie automobile soi-disant pour sauvegarder des milliers d'emplois. En 2009, le virus de la grippe A est arrivé à point nommé pour servir de prétexte à un coup de main à l'industrie pharmaceutique. D'un domaine à l'autre, la préoccupation reste avant tout d'aider les grands groupes capitalistes à maintenir leurs profits et à enrichir leurs actionnaires malgré la crise.

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